Les chemins de traverse

Nous voici donc sur l’ile lointaine, Rapa Nui autrement nommé Ile de Pâques par les européens car « découverte » le jour de Pâques par un amiral néerlandais. Mais son vrai nom est bien Rapa Nui, Ile aux confins du monde, à l’extrémité du triangle de la Polynésie, rêve ultime de bien des voyageurs.

Cette Ile a bien plus que des mystères, elle a su garder une âme, malgré une histoire qui reste encore trouée d’incertitude, de l’arrivée des premiers habitants venus d’autres iles polynésiennes, aux cultes des ancêtres par le biais de ces statues de pierre appelés Moais, à la célébration de l’Homme oiseau, nous allons vous faire vivre en image et en texte nos quelques jours passés sur l’ile.

Nous ne tardons pas à rencontrer nos premiers Moais au bord de l’Océan Pacifique au cœur de l’unique village de l’Ile, Hanga Roa. Cette première rencontre semble irréelle tellement elle a été rêvée fantasmée…

 

Quelques centaines de mètres plus loin en longeant la côte du village vers le sud, nous tombons sous le charme d’un second Moai auquel on a rendu la vue.

Nous finissons la journée devant un verre de Pisco Sour, avant de faire un bon restaurant de fruits de mer.

Pour notre deuxième journée sur l’ile, nous décidons de commencer par le musée anthropologique afin d’en apprendre plus sur l’histoire de l’ile et de ses habitants. Nous logeons « Chez Steve » situé jusqu’à côté du site « Tahai » et décidons de faire un détour pour dire coucou aux Moais :

 

Fabrice en a profité pour prendre une petite douche imprévue, mais finalement la bienvenue étant donné les fortes chaleurs 🙂

Ensuite, nous décidons de chausser nos chaussures de marche pour randonner jusqu’à l’ancien volcan Rano Kau et le village cérémonial d’Orongo. Le sentier que nous empruntons se nomme « Te Ara O Te Ao », ce qui pourrait se traduire par la route du commandement. Ce serait la route empruntée au cours des cérémonies de l’homme oiseau où le nouveau chef de l’ile serait sacré après avoir récupéré un œuf d’oiseau sur le Motu (Ilot) situé à côté du cratère du Rano Kau. Après 3 heures de marche depuis notre hôtel et quelques petits détours nous arrivons en haut du cratère et sommes éblouis par la beauté de son lac intérieur et des paysages qui s’offrent à nous :

 

Nous allons ensuite visiter le site d’Orongo, il s’agit d’un village cérémoniel utilisé par les Rapa Nui uniquement quelques semaines par an lors du rituel « Tangata-Manu » au cours duquel était sacré le nouveau chef de Rapa Nui, le culte de Manutara et du dieu Make-Make (dieu créateur). En effet, le village fait de maisons en pierre pouvant résister au vent a une vue imprenable sur les Motus Iti & Nui. C’est sur ces ilots que les prétendants au titre de nouveau chef du village devait aller chercher un œuf d’oiseau (un type de frégate) puis le ramener au village d’Orongo pour prouver leur Mana (leur puissance). Cette époque de vénération du dieu Make-Make et de l’homme oiseau est postérieur aux Moais, le passage entre ces deux cultes reste encore aujourd’hui inexpliqué et semblent avoir existés en parallèle pendant un certain temps. En plus des maisons, nous pouvons également admirer les pétroglyphes représentant en grande majorité l’homme oiseau.

 

Nous retournons à notre hôtel en moins de deux heures (et oui, ça va plus vite en descente…) et finissons la journée devant des ceviches.

Pour ce lundi 7 mars, nous commençons tôt la journée pour aller plonger sur le site d’Anchor’s bay situé à moins de 10 minutes du port de Hanga Roa. La plongée est ponctuée d’un « faux » Moai, de magnifiques coraux, de bateaux échoués pour lesquels ne subsistent que les ancres, les bateaux étant en bois et clou du spectacle une tortue marine qui nous attend avant que nous remontions à la surface.

Pour l’après-midi, nous choisissons de prendre un taxi pour le site de Rano Raraku. Cette solution n’était peut-être pas la meilleure, car assez chère (compté 45 000 pesos pour l’A-R). Cela étant, nous n’avons absolument pas été déçu de la visite du site de Rano Raraku, il s’agit là aussi d’un ancien volcan, mais celui-là est particulier, on suppose que c’est sur ce site qu’ont été sculptés les Moais que l’on trouve sur l’ensemble de l’ile (environs 800 Moais, dont seulement 80 sont actuellement relevés, le reste est soit au sol ou n’ont pas atteint leur lieu de destination). Le site est entouré de Moais sur son flanc sud-ouest, et certains Moais sont encore restés dans la roche. Il reste encore sur le site un Moai inachevé, prisonnier de son lit de pierre volcanique. Celui-ci, s’il avait été achevé aurait mesuré plus de 20 mètres et pesé plus de 80 tonnes. Là encore, personne ne sait pourquoi ce Moai est resté inachevé. Cela nous laisse cependant imaginer le travail considérable et les efforts nécessaires de la sculpture du Moai, puis son transport sur plusieurs kilomètres, pour finalement l’ériger sur son Ahu (stèle cérémoniale) avec son Pukao (coiffe), le plus souvent tournant le dos à l’océan. Ici plus qu’ailleurs sur l’ile, on a l’impression d’être dans un musée à ciel ouvert. En effet, sur cette incroyable site, nous pouvons admirer des Moais de toutes tailles, dont certains face contre terre, et constater l’évolution du style des sculptures au fil du temps.

Rano Raraku est pour nous l’un des endroits les plus fascinants de l’île qui garde une part de magie.

 

Nous nous rendons ensuite à pied au célèbre alignement des 15 Moais de Tongariki situé à quelques centaines de mètres de leur lieu de naissance. Ce site a été restauré il y a quelques dizaines d’années suite aux dommages causés par la lutte interne des Moais. En effet, tout porte à croire qu’à une certaine époque la raréfaction des ressources naturelles ainsi que des conflits entre les clans ont entrainé une véritable guerre au cours de laquelle les clans se sont affrontés et la quasi-totalité des Moais ont été mis à terre. Par ailleurs, le temps, les éléments, ainsi que des tremblements de terre ont également contribué à leurs souffrances. Les 15 Moais de Tongariki ont retrouvé une grande partie de leur splendeur grâce à leur restauration, ils sont aujourd’hui tous redressés, mais un seul porte son Pukao. Les autres Pukao sont restés à terre. On comprend ici l’importance qui était donnée aux ancêtres et le travail colossal que les Rapa Nui devaient se donner pour les ériger jusqu’ici, bien qu’il soit probable que ce travail fastidieux eut été confié à des esclaves. On peut laisser ici planer son imagination et tenter de comprendre ce culte. Les Moais étaient liés à un culte des ancêtres qui étaient chargés de veiller sur leur descendance, ce qui expliquerait pourquoi la majorité des Moais a le dos tourné à l’Océan et regarde l’intérieur des terres.