Les chemins de traverse

Date de notre visite : le 5 mars 2017

Jean-Louis nous avait vivement recommandé une des visites que son hôtel propose : une journée dans la campagne cambodgienne, en dehors des sentiers battus et des circuits touristiques. Selon lui, cette journée était aussi intéressante qu’authentique. Ses différents conseils avaient été avisés et désintéressés, par conséquent, nous n’avons pas trop hésité à confirmer notre intérêt. Ce fut un excellent choix.

Son hôtel était un simple intermédiaire et c’était une agence (je ne sais pas laquelle) qui organisait la journée.

Un mini-bus est venu nous chercher à 8h30 et nous sommes partis en direction de notre  premier lieu de visite : un marché local. Souvent, dans les grandes villes, le tourisme de masse fait que les marchés perdent toute authenticité pour devenir un supermarché où les étals ne proposent que des t-shirts, des cartes postales ou objets de pacotille supposés être authentiques (made in China) destinés aux touristes. Ce qui est ironique, c’est que nombre de visiteurs cherchent des choses authentiques lorsqu’ils voyagent alors que les commerçants locaux ne proposent que des produits qui leur sont destinés. Et l’authenticité devient difficile à trouver. On tourne un peu en rond…

Nous sommes donc allés dans un petit village, pas très loin de Siem Reap dont je n’ai pas retenu le nom. Le contraste est saisissant avec la grande ville voisine. Nous roulons sur des pistes de terre battue au milieu des champs et des cultures, il y a peu de trafic routier, nous passons devant des maisons traditionnelles construites sur pilotis (ce qui facilite la vie lors de la saison des pluies, et les animaux peuvent aller se mettre à l’abri sous la maison).

Nous descendons du bus sans être harcelés par des vendeurs de souvenirs ou des chauffeurs de tuk-tuk. Personnellement, j’adore ces marchés locaux. Entre les étals, les odeurs, les couleurs, la vie. Mais ce que j’aime particulièrement, plutôt que de m’intéresser à ce qui est venu sur le marché, c’est de m’intéresser à ceux qui vendent et à ceux qui achètent. Je monte une longue focale sur mon appareil photo et j’essaye de photographier les gens, sans qu’ils ne posent et en essayant d’être le plus discret possible. A la fois pour que ce soit plus naturel, plus authentique et surtout pour ne pas être intrusif, ne pas gêner et ne pas déranger.

Dans le marché, les Cambodgiens que nous croisons sont tout à la fois surpris, amusés et assez ravis de voir des visiteurs venir leur rendre visite. Nous avons droit à des sourires chaleureux, des bonjours en cambodgien (« tchum rieup sour » -en roulant légèrement les r-) et des enfants qui nous font des grands coucous. On se rend immédiatement compte que nous sommes sur un vrai marché local où peu de visiteurs viennent (en effet, on n’en a pas croisé beaucoup !) et on peut voir la vraie vie cambodgienne ainsi que les produits et denrées qu’ils consomment au quotidien.

L’inconvénient de faire de la photo, c’est qu’on est un véritable casse-pieds pour les autres : on se poste à un endroit, finalement, on change d’endroit pour essayer d’avoir un meilleur angle, on essaye de se cacher un peu, on règle l’appareil, on attend le bon moment. Si on a de la chance, on a le sujet qui a une belle attitude, si on n’a pas de chance, quelqu’un passe devant nous, le sujet a bougé, etc… bref : patience et chance. Mais être en groupe complique les choses : on ne va pas nous attendre et il faut faire gaffe à ne pas perdre de vue les autres. J’aurais bien aimé m’attarder un peu plus, mais ce n’était pas vraiment possible. J’ai fait ce que j’ai pu…😐 Par ailleurs, ça m’a fait louper les nombreuses explications de notre guide.

Avant de quitter le marché, nous sommes allés voir une dame qui vendait des nouilles. Elle nous a montré le processus de fabrication : la pâte étalée qui séchait, le laminoir permettant de faire les nouilles. Après lui avoir laissé un petit pourboire, nous avons enfourché un vélo et nous sommes partis faire une balade cycliste dans les environs du village. Une bonne façon d’aller voir ce qui se passe dans la campagne. Là encore, nous croisons des habitants et qui nous offrent de grands sourires et on entend des voix d’enfants nous disant de francs « hello!! » en provenance des alentours des maisons. Souvent, les enfants y rajoutent de grands signes de la main quand ils n’arrivent pas en courant sur le bord de la route pour venir nous saluer. Inutile de dire combien ils sont heureux quand on leur rend leur sourire et qu’on leur répond « tchum rieup sour!’.

La balade terminée, nous remontons dans le bus et nous remettons en route.

Le décor change encore une nouvelle fois : nous sommes dans un village de cabanes en bois. Ces cabanes sont très hautes car sur de hauts pilotis. Et pour cause : il y a le lac Tonle Sap à proximité dont le niveau change considérablement entre la saison sèche (celle durant notre visite) et la saison humide. Lors de la saison humide, le lac est très haut le niveau de l’eau atteint presque celui des maisons. Les habitants vivent de la pêche et le bateau devient leur unique moyen de transport. Même les enfants vont à l’école en barque. Lors de la saison sèche, le niveau de l’eau baisse, puis elle se retire, ce qui fait que les habitant deviennent alors des agriculteurs. Et encore, parmi ces habitants, certains ont fait le choix de vivre sur le lac, et pas dans la zone où le niveau d’eau change. Ainsi, leur maison est une « île-maison » et ils vivent ainsi, au milieu des eaux du lac. NB : notre guide nous a aussi appris que les écoliers cambodgiens vont en cours le matin (et ils ont ainsi l’après-midi de libre) du lundi au samedi. Pour d’autres écoliers, c’est l’inverse. Ce qui explique qu’on voit tout le temps des écoliers se balader dans les rues.

Le décor dans lequel nous nous trouvons est vraiment des plus fascinants. Toutes ces maisons sur pilotis et ces barques qui sont sur des canaux ou qui attendent que le niveau de l’eau vienne à remonter pour retrouver leur utilité. Nous irons déjeuner dans une de ces maisons, accueillis chaleureusement par l’ancienne de la famille qui viendra, chacun à notre tour nous prendre dans ses bras avec un sourire jusqu’aux oreilles.

Après le repas, nous irons faire une balade dans les environs de la maison de notre hôte, puis nous embarquerons sur un bateau afin d’aller faire une promenade sur les canaux, puis sur le lac. Là encore, le spectacle est fascinant de voir la vie de ce village qui semble irréel. Nous irons voir les maisons des habitants qui ont choisi de vivre sur le lac. Nous resterons cependant à distance de leurs maisons, moteur coupé, afin de ne pas les déranger et d’éviter de ne pas les transformer en bêtes curieuses.

Ce fut notre conclusion de cette journée vraiment fantastique. Nous avons adoré ! comme le disait notre guide, c’est le vrai Cambodge que nous avons pu observer, celui que même les habitats de Phnom-Penh ne connaissent et ne soupçonnent pas. Une fois rentrés à l’hôtel, Jean-Louis nous a demandé comment s’était passé notre journée, c’est avec un grand enthousiasme que nous lui avons répondu qu’on avait trouvé ça super, ce qui a probablement motivé les autres résidents avec qui il s’entretenait.