Bangkok : le bruit, les temples et les odeurs de l’Asie

Date de notre séjour : 18 au 21 février 2017

 

Nous avions prévu d’aller en Asie, mais pas en Thailande. Bangkok, étant un important point de connexion des vols en Asie, c’est 2 jours avant que nous nous sommes décidés à y passer quelques jours, en restant dans un premier temps dans la grande capitale. Amandine avait déjà visité le Cambodge et le Vietnam il y a un peu moins de dix ans, mais pour ma part, c’est une première car je ne suis jamais allé en Asie.

 

Nous avons décollé de Cairns, pris un premier vol, fait une escale à Singapour et pris un deuxième vol pour Bangkok où nous sommes arrivés en milieu de soirée.

 

Le lendemain matin, nous sommes partis explorer la ville. Comme je m’y attendais, la ville est très vivante et très animée. Le trafic routier est incessant et transforme les rues en vrai chaos. Mais c’est quand même moins infernal que ce que j’avais imaginé. Il faut juste être prudent en traversant et faire avec les trottoirs encombrés. C’est aussi très bruyant, mais Amandine avait trouvé un hôtel fort sympathique, situé dans une petite rue, en retrait, et donc bien tranquille.

Sur les trottoirs, de nombreux étals vendent toutes sortes de choses, notamment de la street food. En passant devant eux, on respire des parfums enivrants de plats qui mijotent, de viande qui grille ou qui frit (là, c’est parfois un peu écoeurant) avec des effluves d’épices, de coriandre ou d’autres délicieuses odeurs qui me sont méconnues. Et on peut y manger pour quelque chose comme 2€, comme d’excellentes assiettes de nouilles.

 

C’est sous une très forte chaleur que nous nous sommes mis en route vers notre première destination. Nous avons pu nous rendre compte de la ferveur des thailandais pour le bouddhisme : on passe devant de très nombreux temples dans lesquels on peut voir des Bouddhas de toutes sortes (assis en méditation, debout, allongé lorsqu’il attend sa mort) et de toutes les tailles (allant du petit à celui qui fait plusieurs dizaines de mètres). En effet, ici, environ 94% de la population est bouddhiste ! en fin d’article, vous trouverez un petit encart sur ce qu’est le bouddhisme, sur lequel il y a pas mal de clichés et qu’on connait finalement assez peu dans nos contrées.

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L’importance du Bouddhisme pour les thailandais
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Après avoir attaché un bracelet au poignet, un moine fait une bénédiction pour amener la chance. On est allés le voir afin d’avoir notre petite cérémonie et le bracelet « apporte-chance ». Les moines sont extrêmement respectés ici.

La Thailande est aussi un royaume où les habitants aiment, respectent leur roi avec une vénération étonnante pour mes yeux. Après avoir régné 70 ans, le roi Bhumidol est décédé en octobre dernier. Les autorités ont décrété un an de deuil. Il y a ainsi partout dans les rues des portraits du roi défunt (parfois immenses) devant lesquels on a déposé de nombreuses fleurs et on peut aussi voir de longues étoffes blanches et noires devant les bâtiments, ou des thailandais encore aujourd’hui tout vêtus de noir en signe de deuil pour leur souverain bien-aimé. Ils parlent de lui comme un homme intelligent qui a beaucoup fait pour son pays et ses sujets.

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La Thailande en deuil de son roi

Nous sommes tout d’abord allés voir le grand classique de Bangkok : le temple de Wat Phrao Kaeo. Nous avons pu nous rendre compte sur ce site à quel point la Thailande est un pays touristique… la foule de visiteurs est réellement importante et c’est surtout les chinois qui sont là, en grands groupes bruyants (et complètement irrespectueux, tant des sites que des autres visiteurs, à mon avis). Ce temple, ou plutôt cet ensemble de temples est le plus sacré du pays pour les bouddhistes et abrite un trésor : une statue de Bouddha finement taillée et qui date du XV° siècle, curieusement appelée Bouddha d’Emeraude, alors qu’elle est en jade. Le site est vaste, les temples nombreux et richement décorés avec des motifs, des mosaïques, des statues et souvent dorés à la feuille d’or. C’est clairement magnifique. On trouve donc des Bouddhas dans les différents temples devant lesquels les thailandais viennent se prosterner, faire des offrandes, ou s’asseoir pour réciter des prières. Nous avons donc pu voir le fameux Bouddha d’Emeraude, en haut d’un autel des plus impressionnants (les photos sont interdites dans ce temple).

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Beaucoup beaucoup de monde…
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Les gardiens

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On boit beaucoup et on souffle un peu à l’ombre: il fait environ 40°C

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On y trouve aussi le Grand Palais, construit par le roi Rama Ier à partir de 1782, quand Bangkok devint la nouvelle capitale du royaume, après que les birmans se soient emparés de la capitale, la ville de Ayutthaya en 1767. Selon la légende le Bouddha d’Emeraude est apparu à Chiang Rai en 1434 dans le nord de la Thaïlande. La statue de pierre verte fut conservée à Lampang jusqu’en 1468 avant que le Roi de Chiang Mai ne la récupère. Quand Chiang Mai passa sous la domination du royaume du Laos, le Bouddha d’Emeraude fut conservé à Luang Prabang de 1551 à 1564 avant d’être transférée à Vientiane, la nouvelle capitale du pays. Le Bouddha d’Emeraude fut ramené à Thonburi en 1778 par le futur roi Rama Ier, puis placé dans le Wat Arun avant d’être transféré définitivement au Wat Phra Kaeo en 1785.

 

Juste à côté, se trouve un autre groupe de temples : Wat Pho. On peut y voir un impressionnant Bouddha allongé, qui représente le moment de sa mort, impressionnant car la statue mesure 43m de long et 15m de haut ! le bâtiment qui l’héberge est tout juste assez grand pour le contenir. Par ailleurs, on y trouve d’autres temples, ainsi que des cours entourées de porches sous lesquels se trouvent des dizaines de Bouddha assis en position du lotus. J’ai beaucoup aimé ce groupe de temples, nettement plus calme en termes de fréquentation touristique.

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Ci-dessus: Wat Pho

 

Le lendemain, nous sommes allés visiter le temple de Wat Arun, quelque peu à l’écart du centre ville. Ce fut une petite expédition pour nous y rendre. Nous avons commencé par prendre un « tuk tuk », un petit taxi local, qui ressemble à une mini-calèche tractée par un scooter. Ca se faufile partout, mais on avale pas mal de pollution… Le chauffeur nous a déposé à un port d’un des nombreux canaux qui traversent la ville en nous disant qu’il fallait prendre un bateau. Le coût était prohibitif, nous avons donc finalement demandé à un vrai taxi de nous y conduire et on y est finalement arrivés.

 

Nous avons pas mal marché dans les rues de Bangkok et on a vraiment bien aimé l’ambiance de cette ville. Pas un instant nous nous sommes sentis intrus, mal à l’aise ou en insécurité. Nous avons ainsi pu découvrir des temples qui n’étaient pas mentionné dans notre guide et qui étaient vraiment sympas. Vous l’aurez compris, on a vu des temples, beaucoup de temples… mais aussi d’excellents repas, que ce soit dans la rue ou dans des petits restaurants, comme le Jok Pochana qu’on a vraiment aimé et dans lequel on a été super bien accueillis.

Notre hôtel n’était pas très loin d’une rue qui s’animait énormément une fois la nuit tombée. Le soir, nous sommes donc allés nous balader dans cette rue pour voir à quoi ressemble Bangkok la nuit. C’est à l’image du reste de la ville : vraiment vivant, bruyant et grouillant d’animation.

 

Nous sommes aussi allés visiter la maison, ou du moins les maisons de Jim Thompson, un Américain amoureux de la Thailande qui s’était établi à Bangkok, avait acheté plusieurs maisons qu’il avait richement décoré d’œuvres d’art de son pays d’adoption. Nous avons trouvé l’endroit sympathique, mais sans avoir non plus un coup de cœur.

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Les tuk tuk de Bangkok
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Bassin avec des lotus

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Test de la street-food
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Nouilles et bière locale achetés dans la rue
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On voulait faire un selfie en sortant du restau, le chef (super gentil et super accueillant) est venu se glisser entre nous!

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Les massages traditionnels thailandais sont aussi dispensés sur le trottoir

 

 

En aparté: quelques mots sur le Bouddhisme

(je vais essayer de ne pas faire trop long et pas compliqué -en effet, les explications sur la nature de l’esprit peuvent être bien compliquées- et de faire un résumé succinct, mais il y a tant à dire… je n’entrerai pas dans les explications de renaissance ou de karma qui compliqueraient encore plus les choses -quoique le karma pourrait simplement se résumer en: « on récolte les graines que l’on sème dans son esprit »).

A l’origine du Bouddhisme, se trouve Siddharta Gautama qui vécut aux environs de 500 avant Jésus Christ. Prince héritier d’un petit royaume du Nord de l’Inde. Peu de temps après la naissance du prince et après avoir examiné le bébé, des Brahmanes avaient fait une prophétie à son père : « ton fils sera soit un grand roi, soit un grand maître spirituel ». Le souverain, préférant que son fils devienne un grand roi garda son fils reclus à l’intérieur de son palais en lui cachant ainsi le monde extérieur et ce qui s’y passait. Ayant grandi, le prince vint un jour à sortir du palais et fit la rencontre de trois personnes : un malade, un vieillard et un mourant. Il n’avait jamais été confronté à la souffrance, il en fut bouleversé. Cette vision ne cessa de le hanter et de le questionner : cette souffrance, comment l’expliquer et comment pouvait-il y remédier. Finalement, il décida de quitter les dorures du palais, son épouse et son fils pour aller trouver la réponse à ces questions. Il rencontra des maîtres spirituels qui l’initièrent à des techniques avancées de méditation qu’il acquit rapidement. Il finit par renoncer aux enseignements de ces maîtres car il se rendit compte que ceux-ci n’avaient plus de connaissance à lui apporter : il devait trouver la voie vers l’illumination par lui-même, personne n’étant allé plus loin que là où il se trouvait lui-même sur le cheminement spirituel. Il s’adonna à un extrême austérité en pensant renforcer son esprit, mais aucune de ces pratiques ne lui apporta de réponse. Après avoir eu la vie sauvée par une villageoise qui lui offrit de la nourriture, il décida de s’asseoir sous un arbre afin d’y méditer et de ne se lever que lorsqu’il aurait atteint l’Illumination. C’est à l’aube qu’il découvrit et expérimenta la vérité ultime et qu’il devient Bouddha, l’Eveillé. Retrouvant des compagnons qui étaient eux aussi en quête de l’illumination, et avec qui il avait cherché l’Eveil et qui l’avaient abandonné, ceux-ci se rendent compte que Siddharta est parvenu au but ultime. Face à leur insistance, il leur délivra son premier enseignement, enseignement dit des Quatre Nobles Vérités qui résume ce qu’est le Bouddhisme.

  • L’existence conditionnée que nous connaissons est imprégnée de souffrance : la naissance est une souffrance, la maladie est une souffrance, la mort est une souffrance, être uni à ce que l’on n’aime pas est souffrance, être séparé de ce qu’on aime est souffrance. Nous souffrons également de l’attachement. L’attachement aux choses que nous possédons mais qui finissent par nous posséder. Mais aussi à l’attachement des êtres qu’on aime et qu’on ne veut pas perdre. Nous souffrons aussi de la peur du changement: le changement nous effraie et nous vivons en étant convaincus que tout est permanent, mais il n’en est évidemment rien. Tout est en perpétuel mouvement, en perpétuel changement et nous nous accrochons à ce qui nous entoure comme s’ils étaient éternel et figés. Ce décalage profond entre la réalité et ce que nous croyons est source de grande souffrance. Et au plus profond de nous se terre une souffrance subtile appelée dukka en Sanskrit. On pourrait parler de sentiment d’insatisfaction ou d’incomplétude. Il existe ainsi une souffrance physique et une souffrance mentale.
  • L’origine de cette souffrance : la souffrance existe parce qu’il existe des causes qui en sont l’origine. Ces causes sont les trois poisons mentaux qui engluent l’esprit : la soif ou l’avidité, la colère, l’ignorance. L’ignorance n’est ici pas synonyme de stupidité, mais d’ignorance de la réalité des choses. On perçoit le monde au travers du prisme de notre esprit, des expériences que l’on a fait et du jugement incessant que l’on porte au monde qui nous entoure selon le principe binaire de l’attraction/répulsion.
  • La cessation de la souffrance est possible : puisque les causes sont connues, il est possible d’y remédier.
  • Le chemin mentant à la cessation de la souffrance : le Bouddha le résume en l’octuple sentier : la vue ou vision juste, la pensée ou l’intention juste, la parole juste, l’action juste, les moyens d’existence justes, l’effort juste, l’attention juste, et enfin la concentration ou la méditation juste.

Le Bouddha a aussi précisé que lui-même n’était ni dieu ni une divinité. Il était simplement un homme qui avait fait l’expérience de la Réalité Ultime et que quiconque suivait le Sentier pouvait lui aussi parvenir au Nirvana, cet état dans lequel nous faisons l’expérience de la Réalité Ultime, de la nature réelle de l’esprit et des choses. Une expérience qui est au-delà des mots et des concepts et qui est libératrice de toute souffrance lorsqu’elle a été réalisée.

 

De notre point de vue occidental, on a un peu de mal à définir le bouddhisme : religion ? tout dépend du sens que l’on donne à ce mot. Si on considère une religion comme la vénération d’un Dieu créateur invisible, tout puissant et omniscient, ce n’en est pas une car le Dharma (l’enseignement du Bouddha) réfute l’existence d’un Dieu créateur. Il considère qu’il n’y en a pas besoin. Mais, si on entend qu’une religion se définit par des rituels ou des prières, le bouddhisme est effectivement une religion. Mais le Bouddha est vénéré comme un maître, celui qui a trouvé la voie, mais pas comme une divinité ou un être surnaturel. Le bouddhisme se situerait quelque part au carrefour d’une religion, d’une philosophie (ou discipline) et d’une science de l’esprit ou de la cognition qui a pour but de nous amener vers la fin de toute souffrance, vers le bonheur ultime, pas celui que l’on a de façon fugace ou artificiel.

 

Le Bouddha et les grands maîtres s’accordent à dire que le « moi » ou l’égo que l’on cherche en permanence à satisfaire durant toute notre vie n’existe pas. Du moins, on a l’impression qu’il existe. On se raccroche à lui, on l’écoute et on le laisse nous diriger alors qu’il n’existe pas vraiment. En effet, si on essaie de définir ce qu’est précisément le « moi », où il se trouve, si on part en introspection, on est bien embêtés pour le trouver… mais pourtant il semble bien être là, quelque part. Bref, le bouddhisme explique que nous vivons dans une illusion, celle qui est générée par notre esprit : nous voyons, concevons le monde qui nous entoure au travers de nos sens limités et du prisme de notre esprit qui commente et juge sans cesse au travers des expériences que l’on a pu faire. L’Illumination surviendrait lorsqu’on parvient à faire l’expérience de l’illusion de l’existence du moi. L’observateur qui parvient à s’observer. Bref, ça parait presque facile mais c’est terriblement compliqué dans la pratique.

En tout cas, nombre de pratiques méditatives issues du bouddhisme (et qui existaient déjà bien avant) sont désormais largement utilisées en occident. Cela a pris beaucoup de temps pour arriver jusqu’à nous. Et il est scientifiquement prouvé par imagerie médicale que la méditation a des impacts positifs sur le fonctionnement neuronal de notre cerveau et sur l’ensemble de notre organisme. On accepte très volontiers qu’il est important de pratiquer une activité physique pour développer et entretenir notre corps, mais on a encore un peu de mal à se rendre compte qu’il est bon de faire travailler son esprit, ce truc bizarre qu’on comprend pas bien et sur lequel on passe peu de temps à essayer de comprendre, afin d’essayer d’en faire un enfant moins capricieux. La méditation permet de travailler en ce sens.

 

Dans les pays d’Asie, le bouddhisme est largement répandu. Si le but est le même, les « écoles », les pratiques et les rites peuvent être très différents d’un pays à l’autre.

 

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