Les chemins de traverse

Date de séjour : 2 janvier au 15 janvier 2017

En arrivant au Vanuatu, je me suis dit « c’est comme des vacances dans nos vacances ». La vie de voyageur n’est pas toujours de tout repos et après l’Overland Track un peu de farniente était le bienvenu.

Peut-être certains d’entre vous n’ont jamais entendu parler du Vanuatu. Il s’agit d’un ensemble d’îles océaniques (83 précisément) faisant partie de la Mélanésie. Le terme « îles océaniques » provient du fait que ce ne sont pas des terres qui se sont détachées du supercontinent Gondwana il y a des millions d’années, mais des terres qui ont émergées des eaux avec le mouvement des plaques tectoniques et l’apparition de volcans sous-marins. Comme la Nouvelle-Zélande, le Vanuatu est tout près de la ceinture de feu du Pacifique. La Nouvelle-Calédonie située à moins de 300 km du Vanuatu fait aussi partie de la Mélanésie.

Une petite carte pour vous situer le Vanuatu :

Le Vanuatu n’est indépendant que depuis le 30 juillet 1980. Avant cette date, les îles s’appelaient les Nouvelles-Hébrides et étaient gouvernées de façon conjointe par la France et l’Angleterre. Il y a trois langues officielles : le bichelamar, l’anglais et le français. Tous les habitants parlent bichelamar ou leurs dialectes locaux plus parfois le français ou l’anglais selon les écoles ou les églises qu’ils fréquentent.

Alors pourquoi avons-nous choisi cette destination ?

Nous voulions aller dans un endroit exotique, un peu inhabituel. Nous avions d’autres options ; les Fidji qui est la destination privilégiée des Australiens en recherche d’exotisme et bien sûr la Nouvelle-Calédonie, terre française aux confins du pacifique. Mais le Vanuatu a un argument massue pour les plongeurs que nous sommes : le SS Président Coolidge.

Petit rappel historique :

Après l’attaque de Pearl Harbor, les îles du Pacifique ont joué un rôle majeur pendant la seconde guerre mondiale en accueillant les troupes américaines luttant contre les Japonais. Ainsi, les Américains ont investi les deux principales îles du Vanuatu, Efaté et Espiritu Santo, qui étaient des ports de choix du fait des eaux profondes qui les entourent. Sur Santo, il y avait plus de 500 000 GI américains en cargaison, soit beaucoup plus que la population de toutes les îles du Vanuatu. A leur départ, ils ont laissé beaucoup de choses derrières eux sur terre, comme les routes ou un hôpital, mais aussi dans l’eau.

En 1942, un ancien navire de croisière réquisitionné pour la guerre, le SS Président Coolidge, transportait à son bord plus de 5 000 GI américains à destination de Luganville, principale ville de Santo. Afin de se protéger de l’éventuelle attaque d’ennemis, les Américains présents à Santo avait posé des mines sur tous les accès menant au port de Luganville, sauf un, le plus étroit. Le commandant du Coolidge n’était malheureusement pas au courant de la présence de ces mines. Ainsi, alors qu’il avait pris dans un premier temps le passage le plus étroit (sans les mines) pour entrer dans la baie, il a fait demi-tour. En effet, il a essayé en vain de communiquer avec la cargaison sur l’île, pour avoir plus d’information sur la possibilité de passer par ce canal. Faute d’information, il a fait marche arrière ayant peur de toucher le fond et s’est dirigé vers un passage plus large. Alors que le Commandant reçu enfin les informations nécessaires (trop tard), le bateau venait de heurter successivement deux mines Américaines alors que justement le message les avertissaient de la présence de mines… Afin de sauver la vie des soldats, le commandant a dirigé le bateau au plus près possible du rivage, ainsi les soldats ont pu évacuer rapidement le navire qui était quasiment sur la plage. En seulement 19 minutes, le bâtiment a coulé. Cependant, grâce aux manœuvres du commandant, seuls 2 soldats sont morts.

Suite à un tremblement de terre, l’épave du bateau a bougé et repose maintenant entre 20 mètres (la proue) et 70 mètres de fonds (la poupe). Pour beaucoup, il s’agit de la plus belle et accessible épave au monde. Avec ses presque 200 mètres de long, les possibilités de plongées sont multiples.

 

A notre arrivée au Vanuatu, nous avons passés les 2 premiers jours dans une cabane dans les arbres à côte de Port-Vila, la capitale de Vanuatu. Un endroit absolument magique, qui rapproche de la Nature. La cabane a été construite par une française, Odile, il y a 8 ans. Odile, après avoir parcouru les mers avec ses parents, puis avec son mari et ses enfants, avait envie de s’ancrer sur une île. Elle avait un rêve : construire une cabane dans les arbres. Alors qu’elle était sur son voilier en route pour les îles Salomon, elle s’arrêtera une première fois au Vanuatu et y reviendra pour son amour des Ni-Vanuatus, de leur façon de vivre et des paysages. Après quelques années au Vanuatu, elle trouve enfin ce qu’elle cherchait : un énorme banian dans lequel elle pourrait construire sa cabane. Le banian est une sorte de ficus étrangleur qui a la particularité de pousser vers le bas. Les lianes du banian s’accrochent au sommet d’un arbre et petit-à-petit l’étrangle et fait retomber de nombreuses branches-racines qui prennent de plus en plus de force et tuent l’arbre hôte. Une fois trouver le banian idéal, Odile mettra 4 mois à bâtir la cabane aidée par des hommes du village. Le résultat est superbe !

Tout dans la démarche d’Odile rapproche de la Nature, on oublie le superflu et on revient à l’essentiel :

• un feu ouvert pour préparer la nourriture
• de l’eau de pluie récoltée
• pas d’électricité
• pas de murs, tout est ouvert sur la forêt tropicale qui l’entoure
• un potager et des fruits pour se nourrir

On a adoré cette expérience, si vous avez l’occasion de vous rendre au Vanuatu, ne manquez pas cette adresse : La Maison du Banian (lien).

 

Après notre passage dans les arbres, nous avons pris un avion pour nous rendre sur Santo, vous l’avez compris le but principal était la plongée. Il y a plusieurs clubs présents à Luganville qui d’après nos recherches se ressemblent plus au moins, même tarifs, vieux matériel et spécialisés sur le Coolidge. Nous nous sommes dirigés vers Santo Island Dive and Fishing car il proposait un package 10 plongées et la possibilité d’aller aussi voir des récifs. Notre impression est assez mitigée surtout au niveau de la sécurité et de l’encadrement. Les moniteurs de plongée sont plus des « guides » qui vous mènent d’un endroit à un autre, il y a peu d’encadrement. Et le matériel est obsolète voire parfois défectueux. Enfin, il est possible de plonger à des grandes profondeurs (60 m) sans vraiment de mesure de sécurité…

 

Nous avons donc fait 10 plongées avec Santo Island dives dont :

• 6 plongées sur le Coolidge
• 2 plongées sur les récifs de Tutuba
• 1 plongée sur Million Dollar point
• 1 plongée sur La Cale

Parmi les plongées sur le Coolidge, nous avons fait une première plongée de « reconnaissance » autour de l’épave pour nous familiariser avec elle. Pour la deuxième plongée, nous sommes entrés dedans et avons visité les toilettes, l’infirmerie, une cale où l’on voit des carcasses de véhicule (jeeps, blindés, …)  et un stockage de matériel militaire en forme d’œufs. La troisième plongée a été une plongée de nuit dans la cale n°2 pour y admirer le spectacle féerique des flashing fishs. Il s’agit de petits poissons qui « clignotent » dans l’obscurité. On voit des centaines de lumières qui se déplacent devant et autour de nous, tels des lucioles. Nous avons adoré cette plongée ! Pour notre 4ème plongée, nous sommes aller rendre visite à The Lady, une statue de porcelaine ce situant à 40 m de profondeur à l’entrée du pont réservé à la première classe. Le jour suivant, nous sommes allés nous baigner dans la piscine située à l’arrière du navire, sur le pont supérieur. Toute en mosaïque à 55 m de profondeur… Et enfin, nous avons fait de l’exploration sous-marine, à l’intérieur de l’épave, sur les ponts A, B et C.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Photos lors des plongées sur le Coolidge, la qualité est pas géniale 😦

La visite de The Lady était assez émouvante, on se retrouve face à un témoignage du passé. La piscine a été plus impressionnante par la profondeur, nous n’avions jamais été plus profond que 40 mètres… et m’a assez désorientée du fait de la position du bateau, de la faible visibilité. Les ponts ABC étaient tops, un vrai slalom dans le bateau à la découverte de nombre de vestiges : casques militaires, cadre, matériels de cuisine…

Nous ne regrettons pas d’avoir fait les plongées sur le récifs qui nous a permis de nous faire une idée sur les fonds sous-marins de Vanuatu, les coraux y sont nombreux et de pleins de couleurs. Nous n’avons pas vu de très gros poissons, mais énormément de demoiselles, poissons clowns, perroquets, chirurgiens. Nous avons même vu une tortue. De plus, le relief est très intéressant avec quelques espèces de canyons et des passages sous cavités.

Ce diaporama nécessite JavaScript.

Photos lors de nos plongées à Tutuba point sur les récifs

Je regrette un peu d’avoir fait Million Dollar point et La Cale qui, de mon point de vue, ressemble plus à une décharge. Comme dit plus haut, les Américains n’ont pas laissé que le Coolidge dans les eaux, ils ont également laissé tout un tas d’équipements militaires. A la fin de la guerre, ils ne voulaient pas s’alourdir en ramenant le matériel. Ils ont donc construit un pont où ils ont entassés le matériel, fait sauter le pont et tout repose maintenant dans les eaux. Il y a certes un aspect historique, mais pas très séduisant….

Quelques photos de Million Dollar point

En dehors des plongées, nous avons profité des plages de l’île, la plus connue est Champagne Beach où d’énormes bateaux de croisière y amènent leurs passagers. Mais selon nous la plus belle est Port-Olry à quelques dizaines de minutes de Champagne plage. Par ailleurs, l’accès à Champagne Beach est payant (20€ par véhicule) alors que Port-Olry est gratuit et qu’il y a un excellent restaurant sur la plage. Je vous laisse juger par vous même :

 

Quelques photos de la magnifique plage de Port-Olry

La vie à Vanuatu est au rythme des îles, mora-mora (doucement) comme ils disent à Madagascar : tout est au ralenti. Les gens y sont très gentils, vous offrent sans cesse de larges et généreux sourires et accueillants.

A l’heure où j’écris cet article, nous n’avons pas encore quitté le Vanuatu. Nous devions prendre un avion vendredi matin depuis Santo pour rejoindre Port-Vila, mais l’avions a été annulé, le suivant annulé, celui d’après complet… Bref nous sommes Samedi 19 heures et nous devrions prendre celui de 21h30… Sachant que nous devons prendre une connexion pour retourner en Australie et surtout être là quand ma mère et ma sœur vont nous rejoindre à Melbourne.

A suivre.