Les chemins de traverse

Date de notre visite : le 18 décembre 2016

 

Port Arthur est à quelques heures de route de Mont Field National Park et de Hobart.

Ce site est intimement lié à la tragique histoire de la Tasmanie, du moins de ses débuts sous la domination des colons. Il est connu que l’Australie a d’abord servi de bagne. Initialement, la Tasmanie portait le nom de Van Diemen’s Land (personnellement, je trouve ce nom nettement plus cool que l’actuel) et a, effectivement, servi de bagne. Sur la côte Est, nombre d’endroits portent des noms, référence au français Bruny d’Entrecastaux qui avait largement exploré cette zone. Cependant, des colons sont également venus s’installer ici et la tragique histoire de l’île se raconte aussi avec le génocide honteux et inhumain que les colons ont infligé aux Aborigènes qui vivaient initialement en Tasmanie : après s’être vu confisqué leurs terres, ils ont été massacrés, puis parqués sur la petite île de Fraser Island afin d’y être « éduqués » et sur laquelle la quasi-totalité sont morts de chagrin ou de maladie. Au final, pratiquement tous les Aborigènes de « pure souche » de Tasmanie ont disparu par la faute des colons.

 

Sur la péninsule de Tasman, relié à la Tasmanie par un passage étroit, est construit le site de Port Arthur qui deviendra une colonie pénitentiaire en 1833. On y incarcèrera les prisonniers les plus difficiles des autres centres de détention ou ceux qui ont été recondamnés. L’étroit passage entre la péninsule et l’île sera surveillé par des gardiens et des chiens. Le site sera agrandi au fur et à mesure, avec la construction de nouveaux bâtiments tels qu’un hôpital mais aussi d’un asile et « la prison d’isolée ». Dans celle-ci, on enfermera des prisonniers à qui on réservera un « traitement spécial » afin de les remettre dans le droit chemin : ils passent 23h de la journée enfermée dans petites cellules, ils ont 1h d’exercice autorisée à l’extérieur et surtout interdiction totale de communiquer avec le personnel et les autres détenus sous peine de lourdes sanctions. 12500 prisonniers y séjourneront et serviront de main d’œuvre.

Le site de Port Arthur sera fermé en 1877.

 

Plusieurs fois ravagé par des incendies, ce site est le plus visité de Tasmanie.

 

Je n’avais pas visité ce site lors de mon premier séjour. Nous y sommes arrivés en fin d’après-midi, après nous être arrêtés sur la route sur quelques sites afin d’admirer de superbes panoramas.

Nous acheté des billets un peu moins chers. Nous avons pu voir qu’on pouvait faire des « ghosts tours », des visites fantômes qui sont organisées le soir. Il parait que des personnes ont vu des choses étranges se passer ici… ce que je peux comprendre. Bien que très endommagé, le site est impressionnant. Mais j’ai trouvé qu’il y règne une atmosphère extrêmement pesante et dérangeante et il y a aussi de mauvaises vibrations. Il est clair qu’il y a des fantômes qui sont ici. D’ailleurs, le 29 avril 1996, un homme vint sur le site en possession de plusieurs armes afin de commettre un épouvantable massacre : il tua 35 personnes (visiteurs et personnel du site) et en blessa 37 autres avant d’être capturé. Il sera condamné à la réclusion à perpétuité. De quoi encore ajouter à l’ambiance pesante du lieu.

 

Nous sommes allés voir le bâtiment principal qui est très imposant, puis nous nous sommes dirigés vers les bâtiments militaires. Nous avons continué vers l’hôpital et avons visité la prison isolée. Nous n’avons croisé que peu de monde et nous étions seuls dans les bâtiments.

Le bâtiment de la prison isolée est resté en bon état et a même été restauré. Dans ce dernier, encore plus qu’ailleurs, l’atmosphère est pesante. On y voit des couloirs dans lesquels sont alignés les cellules surmontées de leur numéro, on peut entrer dans certaines d’entre elles. Des plaques donnent des informations sur des détenus qui étaient ici et diverses autres informations. Les quelques mots que nous avons échangé à cet endroit ne l’ont été qu’à voix basse.

C’est avec un certain soulagement que je suis sorti du bâtiment. Nous avons ensuite marché sous de magnifiques chênes, au milieu des maisons où demeuraient certains colons qui vivaient sur le site pour passer par le parc fleuri avant de nous remettre en route vers Hobart.