Hobbiton : l’imaginaire devenu réel

Date de notre visite  : 11 novembre 2016

Notre périple en camper van ne nous permet pas de bénéficier de connections Internet suffisantes, par conséquent, nous n’avons pas pu publier autant d’articles que nous l’aurions voulu :/

 

Je crois bien que la première fois que j’avais entendu parler du livre The Lord of The Rings (le Seigneur des Anneaux) de JRR Tolkien, c’était dans la préface d’un livre d’un Stephen King (impossible de me rappeler quel livre) dans laquelle il évoquait l’œuvre majeure de Tolkien en ces mots : « le livre merveilleux de JRR Tolkien, le Seigneur des Anneaux ». Je trouvais que le titre de ce livre sonnait vraiment bien, et si Stephen King en parlait, c’était gage de qualité. A l’époque, le film n’avait pas été tourné, Internet n’existait pas et personne autour de moi ne connaissait. J’adorais déjà ces univers de chevaliers, de château fort, de créatures diverses baignés dans un monde de magie.

J’avais finalement trouvé un ami qui avait lu les livres et qui me les avait prêtés. Malgré la traduction hasardeuse, j’avais évidemment adoré ces ouvrages. J’avais ensuite acheté quelques autres livres de cet auteur et mon préféré est sans conteste The Silmarillion. Il est difficile à lire, assez complexe, mais tellement riche et magistralement écrit. Le premier chapitre, qui décrit la création de l’univers est à lui seul une merveille.

Il y aurait beaucoup à dire sur le travail incroyable qu’a accompli JRR Tolkien. Philologue, passionné de langues, de littérature, il adorait aussi les légendes et la mythologie nordique. Regrettant que l’Angleterre n’ait pas sa propre mythologie, il décida tout simplement de l’écrire lui-même. Ses premiers textes furent griffonnés sur des feuilles de papier dans les tranchées de la Grande Guerre. Revenu en Angleterre, marié avec des enfants, il entreprit d’écrire un conte qui leur était destiné et dont il leur faisait la lecture. Ainsi est né The Hobbit. Le livre fut publié et connu un certain succès. Son éditeur lui commanda une suite. Il commença ainsi l’écriture de son œuvre phare, The Lord of The Rings, qui lui demanda douze ans de travail (si ma mémoire est bonne). Le livre fut publié et il fallut attendre la sortie en version de poche pour que le livre devienne un énorme best-seller.

Pendant toutes ces années, Tolkien avait imaginé puis patiemment créé un immense canevas d’une incroyable complexité : un monde peuplé de différentes races, de monstres, plusieurs langues (il en avait effectivement créé plusieurs, avec leur alphabet, leurs règles de grammaire), un calendrier, une mythologie et des personnages qu’on retrouve parfois dans plusieurs livres, leur histoire étant plus ou moins développée sur chacun d’entre eux. Infatigable écrivain, s’il n’a publié que peu d’ouvrages, il a écrit nombreux d’histoires disséminées sur des feuilles volantes qui enrichissent encore son univers. Par ailleurs, jusqu’à sa mort, il ne cessera de retravailler, modifier son œuvre inachevée qu’est le Silmarillion.

 

Il y a une dizaine d’année est donc sortie au cinéma la trilogie du Seigneur des Anneaux basée sur ces livres. S’il y avait des personnes qui ne connaissaient pas le livre, cette trilogie a comblé ces lacunes et les films ont connu un immense succès. Comme beaucoup le savent, c’est la Nouvelle Zélande qui a prêté ses décors naturels pour devenir Middle-Earth (la Terre du Milieu). J’étais évidemment allé voir les films et je les avais adorés et je les regarde de temps à autres avec beaucoup de plaisir… en fermant quand même les yeux sur certains points qui m’insupportent, comme Legolas en super héros ou la scène dans laquelle Eowyn tue le seigneur des Nazguls qui est une véritable catastrophe. Pourtant, j’ai un rapport assez ambivalent avec cette trilogie. D’un côté, je trouve que ces films sont une réussite, que Peter Jackson a réalisé un travail colossal, soigné de nombreux détails et réalisé le film avec toute sa passion de fan du livre. Mais, d’un autre côté, je regrette qu’ils aient été tournés car je leur reproche des incursions tyranniques dans mon imaginaire, dans les décors que Tolkien me décrivait ou dans les visages des personnages que j’avais choisi. Quand je viens à reprendre des livres de Tolkien, ce sont les images du film, celles choisies par le réalisateur, qui s’imposent à moi et je trouve ça dommage. Mais si je regarde à nouveau les films, je les trouve super. Ambivalent…

 

Revenons donc à notre périple en Nouvelle Zélande. Je m’étais évidemment dit que ce serait sympa si on pouvait aller voir quelques-uns des lieux qui ont servi de décor naturel au tournage. Et, désormais, la Nouvelle Zélande met en avant qu’elle est aussi appelée Middle-Earth. Des études ont montré que nombre de touristes viennent visiter ce pays car la trilogie leur a donné envie de venir les paysages qu’on voit dans les films. Les paysages qu’on voit dans la trilogie sont évidemment à couper le souffle. Et, s’il est un endroit emblématique du film et de l’histoire, c’est Hobbiton, le village des Hobbits, dans lequel débute l’aventure. Le lieu est désormais célèbre et est devenu un grand classique à visiter en Nouvelle Zélande. Tolkien décrivait les Hobbits comme un peuple de gens simples, amicaux, qui aimait la vie et les plaisirs simples ainsi que tout ce qui pousse.

 

Notre itinéraire nous a fait passer à proximité de Matamata, la petite ville à côté de laquelle se trouve Hobbiton. Au volant, la première surprise fut de voir sur la route des panneaux donnant la direction vers Hobbiton. Nous les suivons et après avoir roulé dans la campagne, nous arrivons à plusieurs bâtiments et nous nous garons dans le parking où de nombreuses voitures sont déjà là. Il y a même des bus verts Hobbiton. Nous nous rendons rapidement compte que nous sommes sur un lieu où on aime les touristes (et les fans) et qu’on essaie au mieux de leur faire dépenser le plus d’argent possible.

Nous rentrons dans le bâtiment pour acheter nos billets… 79$ par personne pour deux heures de visite !!! soit plus de 60€ par personne. On nous donne une brochure donnant quelques informations, notamment que le grand arbre qu’on voit au-dessus de la maison de Bilbo, à Bag-End (Cul-de-Sac) est en fait factice et qu’il est en plastique ! on y apprend également que l’endroit était marécageux et que d’importants travaux avaient été réalisés pour assécher l’endroit ou encore, que, après le tournage de la première trilogie, le décor avait été démonté, puis reconstruits pour le tournage du Hobbit, le propriétaire du lieu avait été inspiré et accepté à la condition que les décors ne soient pas démontés, cette fois. Depuis, on imagine qu’il s’est considérablement enrichi. On découvre également que les maisons de Hobbit n’existent pas. Il n’y a en fait qu’une façade et des fenêtres, mais rien derrière.

Mais on se rend surtout compte que l’affaire est des plus lucratives pour le particulier qui possède les terres qui ont été choisies par Peter Jackson comme décor.

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On patiente…

Notre visite sera à 12h30, alors, en attendant, on va dans la boutique de souvenirs qui propose tout et n’importe quoi lié aux films, aux livres et à l’endroit. A 12h30, nous sommes avec une trentaine de personnes à monter dans le bus qui nous amène dans le lieu. Notre guide se présente, nous demande qui, parmi nous, a vu les films. Toutes les mains se lèvent. Elle nous demande qui a lu les livres. Environ un quart des personnes lève la main… Elle nous donne quelques informations complémentaires, et nous montons dans le bus. Un film montrant une interview de Peter Jackson et des images du film nous accompagnent. On a du mal à réaliser que derrière ces collines se trouve Hobbiton. Et puis, en contrebas, on aperçoit les façades des maisons telles que décrites par Tolkien : avec leur porte et leurs fenêtres parfaitement rondes. On reconnait parfaitement le village qu’on voit dans les films.

 

Descendus du bus, nous franchissons quelques arbres et une haie pour nous retrouver dans un décor bucolique et complètement enchanteur. Nous sommes bien à Hobbiton !

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avant même les films, j’avais souvent dit que s’il y avait un endroit où j’aimerais vivre, ce serait Hobbiton, la visite de ce lieu m’en a encore plus convaincu. Devant nous, nous voyons un potager, des fleurs, des arbres, un épouvantail, et autour, des sentiers qui mènent aux habitations des Hobbits. Il est difficile de ne pas succomber au charme de l’endroit. Devant la maison près de nous, une barrière et, derrière, nombre d’objets qui ont un délicieux parfum désuet et qu’on aurait pu voir devant la maison de nos arrière-grands parents : une vieille chaise en bois à côté de laquelle se trouve une table avec une pipe, des pots de fleurs, des plantes qui montent sur les murs, de vieux outils de jardinage, une boîte aux lettres en bois. Devant une maison, on voit des (vrais) pots de miel et des outils d’apiculteur ainsi que des ruches un peu plus loin, devant une autre, ce sont des miches de (faux) pain, par une fenêtre, on voit du fromage en train d’affiner. De nombreuses abeilles bourdonnent dans les fleurs et des oiseaux chantent partout autour de nous. Il y a aussi du linge de Hobbits qui sèche sur des étendoirs et de la fumée qui sort de certaines (fausses) cheminées. On aurait terriblement envie de s’asseoir sur une de ces chaises et de prendre notre temps, devant ces jolies maisons. Un décor qui nous appelle aussi à imaginer une vie nettement plus simple et en harmonie avec notre environnement.

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Amandine est sous le charme du lieu

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Notre guide nous montre quelques lieux en nous précisant quelles scènes y ont été tournées. Elle nous explique aussi que certaines maisons ont été faites en double : une en petite taille, pour « grandir » l’acteur qui joue Gandalf lorsqu’il se trouve devant, l’autre en taille normale, pour être à l’échelle des Hobbits. Nous passons devant plusieurs des maisons, toujours émerveillés par les petits détails, le soin apporté à leur conception et tous ces petits éléments qui rendent l’endroit si joli. Si toutes les maisons sont une simple façade sans rien derrière, il y en a néanmoins une dans laquelle on peut « rentrer ». Il s’agit d’une sorte de remise sans rien d’intéressant, mais on peut quand même rentrer à l’intérieur afin de faire une photo, comme si on sortait d’une vraie maison de Hobbit ! Le grand moment est évidemment lorsqu’on arrive devant la maison de Bilbo Baggins, l’oncle de Frodo qui lui remet l’Anneau avant de partir. La maison est visible de partout. Au-dessus de la maison se trouve donc le vieux chêne artificiel. Même à quelques mètres, il est difficile de se rendre compte qu’il s’agit d’un faux. Sur la porte, il y a le même écriteau que l’on voit au début du premier film : « No admitance, except on party business » (ne pas déranger, sauf en ce qui concerne la fête).

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La maison de Bilbo

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On voit bien l’écriteau

Justement, nous descendons ensuite sur la « place principale », là où a été tournée la scène de la fête d’anniversaire de Bilbo. On nous montre l’endroit où était la tente qui est emportée dans le ciel par un feu d’artifice et on nous apprend que pour cette scène, on avait utilisé un puissant ressort qui l’a propulsé en l’air. Il y a encore un barnum, des jeux et des décorations festives.

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C’est ici que se passe la soirée d’anniversaire, pour les 111 ans de Bilbo… juste avant qu’il ne reparte pour un autre voyage

Ensuite, nous suivons un sentier qui serpente vers le pont qui enjambe la rivière, l’endroit où Gandalf arrive dans Hobbiton. Le moulin à eau est, comme dans le film, en train de tourner. Juste après, se trouve le Green Dragon Inn (l’auberge du Dragon Vert). Nous avons droit à une bière ou un cidre Hobbit lors de notre visite. Nous rentrons donc à l’intérieur. Le lieu est, là aussi, vraiment magique. On se croirait vraiment plongé des siècles en arrière, dans une auberge moyenâgeuse, avec un magnifique carrelage sali et abîmé par de nombreux pieds qui l’ont foulé, des fenêtres rondes, un feu chaleureux qui brûle dans la cheminée, des tables entourées de vieilles chaises. L’aubergiste se tient derrière son comptoir, nous sert nos boissons. Nous nous asseyons, et nous buvons. Notre guide finit par venir nous chercher et nous retournons vers le bus.

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La maison où Sam et son épouse Rosie s’établissent, à la fin de la Trilogie

 

 

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Le pont que traverse Gandalf en arrivant, ainsi que le moulin
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A l’intérieur de l’auberge du Dragon Vert

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Hobbiton est vraiment un endroit incroyable. Effectivement, le lieu autant que les décors sont superbes et la magie opère : on se sent vraiment dans le lieu décrit par Tolkien, et on va vraiment dans un monde imaginaire qui est devenu réel à cet endroit et nous renvoie aussi aux contes que l’on a pu apprendre quand on était enfant. En effet, au final, le Hobbit et le Seigneur des Anneaux ne sont que de magnifiques contes pour adultes qui ont été remarquablement bien écrits. Contes qui nous renvoient à notre imaginaire collectif ou à des images et des histoires que nous avons tous inscrits dans nos têtes dans notre enfance, lorsque nous lisions des histoires fantastiques qui nous faisaient voyager.

Comme le dit Peter Jackson, ces histoires nous permettent de nous évader dans un autre monde, un monde dans lequel on se plait à nous réfugier et qui est bien plus plaisant que le monde que nous connaissons.

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Amandine essaie de devenir une Hobbit

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En ce qui me concerne, j’aurais volontiers déménagé immédiatement pour vivre dans un endroit aussi agréable. Mais la visite est terriblement frustrante : on est dans un groupe d’une trentaine de personnes, faire une photo soignée est quasiment impossible vu qu’il y a du monde et que les autres personnes veulent elles aussi profiter de l’endroit et faire leurs photos. Par ailleurs, le groupe suivant n’est pas loin derrière, par conséquent, on ne peut pas s’attarder et on vous le fait comprendre et on se doute que chaque guide a un timing a respecter. Pour prendre une photo devant ou dans une maison de Hobbit, il faut faire la queue. La maison de Bilbo, on ne peut que la contempler que devant le jardin (c’est compréhensible). Au Green Dragon également, on aurait aimé pouvoir y rester plus longtemps aussi. Mais là encore, ce n’est pas possible. Et puis, on aurait aussi vraiment apprécié de juste pouvoir s’asseoir, regarder, écouter, s’imprégner du lieu, comme l’aurait fait les Hobbits, mais non, on ne peut pas. Si ce lieu et ce décor sont assurément fantastiques, la visite est néanmoins terriblement frustrante, surtout quand on repense qu’on a payé 79$ chacun, qu’on se dit qu’il y avait 30 personnes avec nous, avec d’autres groupes qui suivait derrière. Mais voilà, c’est là que la magie disparait, terrassé par le business en nous laissant un goût amer, quand bien même… on a vraiment adoré.

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Nous, nous sommes partants pour rester habiter ici!

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