Date de « séjour » : 26 au 29 octobre 2016
Je ne m’étais pas du tout occupé des préparatifs pour aller au Machu Picchu et encore moins renseignée sur l’Inca Trail (Camino del Inca ou Chemin de l’Inca pour nous francophones). Comme Fabrice l’avait fait il y a 7 ans, il tenait à s’occuper de l’organisation. La seule chose que je savais c’était que le but de la randonnée était le Machu Picchu !
Fabrice a réservé le trek environ 6 mois à l’avance auprès de l’agence avec qui il l’avait fait: Peru Trek. Ce trek est très très demandé et il est obligatoire de le faire avec guide et porteurs, l’addition est donc très salée, nous en avons eu pour 650 US$ par personne.
Nous nous sommes rendus à l’agence quelques jours avant le début de la randonnée pour avoir un briefing. Là, j’ai commencé à avoir peur et me dire que ce n’était pas possible pour moi ! avec ses 42 km à parcourir en un peu plus de 3 jours et un point culminant à 4 200 m (the dead woman pass -le Col de la Femme Morte-), le guide qui nous présente le trek nous dit qu’il y a en moyenne 7 heures de marches par jour ! Fabrice me rassure et me dit qu’après Choquequirao, ça sera facile pour nous. En plus, nous n’avons pas grand-chose à porter dans nos sacs à dos. En effet, les porteurs- ou Chaskis (les « descendants » des messagers Incas) portent toute la nourriture, les tentes, et nos matelas de couchage. Après ce briefing, on se rend au marché de San Pedro pour faire le plein de snacks pour se donner de l’énergie pendant la rando : fruits secs, barres de céréales, feuilles de coca et chocolats !
Enfin le 26 octobre, le réveil sonne, il est 4 heures du matin, l’agence vient nous chercher dans une trentaine de minutes pour nous amener au point de départ de la randonnée située quelques kilomètres après Ollantaytambo (rappelez-vous, la ville Inca que nous avions visité il y a quelques semaines). Après environ 2 heures de route et un petit déjeuner au village, nous arrivons au check-point de la randonnée, il y a du monde !

Nous avons passé le check-point avec notre groupe, 12 personnes ainsi que 2 guides, les Chaskis de l’agence partent de leur côté (on ne va pas au même rythme), ils sont 18 rien que pour nous !

Le premier jour est assez tranquille: nous avons commencé à marcher vers 11 heures, le chemin est relativement plat avec quelques petites montées pas méchantes. Au bout de quelques kilomètres, nous arrivons aux premières ruines du trek !

Et oui, le but de la randonnée n’est pas seulement le Machu Picchu, mais le chemin en lui-même. Il y a plusieurs ruines qui longent le parcours. Les premières ruines que nous avons l’occasion de voir sont magnifiques, il s’agit de Llactapata. Il y a plusieurs terrasses en courbe qui longent une rivière avec sur les côtés des anciens bâtiments aux formes arrondies, en hauteur des ruines on peut encore voir des restes d’habitations. Notre guide, Noemi, profite de cette belle vue pour nous donner des explications sur l’empire Inca. Nous reprenons notre marche pour nous rendre jusqu’au campement où les Chaskis ont déjà monté la tente et avec notre repas déjà prêt ! Le grand luxe: du jus de fruit nous attend en arrivant, et, pour le repas, il y a même des légumes ! Au cours du déjeuner, nous faisons connaissance avec nos autres compagnons de trek, il y a Elie & Forrest qui sont en voyage de noce, Lorraine et Brian, mère (qui doit avoir environ 55 ans) et fils qui font le trek avec un ami de Brian, Markus, Riley venu d’Australie, Jennifer & Miguel des suisses qui sont au début de leur périple de 8 mois, Alisa, une californienne également au milieu d’un voyage au long cours et Peter, un anglais qui voyage aussi sur une longue période.

Nous repartons pour nous rendre au camping où nous passerons la nuit. Le chemin est en terre, la végétation est assez rare et des habitations sont présentes régulièrement, nous longeons la rivière Urubamba un long moment.

Nous arrivons vers 17 heures, le camping se situe près de quelques habitations et d’une rivière à 3 100 m d’altitude. Les tentes sont bien évidemment déjà installées lorsque nous arrivons ! Le repas du soir est à la hauteur de celui du midi, le camping est très agréable avec une herbe bien épaisse pour compenser notre matelas pas très épais. Et, en plus il y a des installations sanitaires basiques.

Pour notre deuxième jour de trek, nous sommes réveillés par le deuxième guide, Edwin avec une tasse de maté de coca bien chaude à 5 heures. Nous n’avons plus qu’à refaire nos sacs et prendre notre petit-déjeuner et repartir. Le temps que tout le monde soit prêt nous nous mettons en route un peu avant 7 heures, la journée de marché prévue est courte mais intense, 4 heures de monté pour arriver au 4 200 m et ensuite redescendre jusqu’au camping qui se situe à 3 500 m. Pour faciliter la montée, une pause avec un deuxième petit-déjeuner est prévue aux environ de 3 650 m.
Sélection de photos de la première partie de la journée !
La première partie de la randonnée depuis le camping du matin est splendide, le chemin est relativement étroit. Parfois en pierre, parfois en terre avec des arbres magnifiques qui le longent. Du coup, je ne vois pas le temps passer, après deux heure de marche pour arriver au petit-déj j’ai l’impression d’avoir marché uniquement pendant 5 minutes !


Le temps d’attendre les derniers et de re-petit-déjeuner, nous restons bien 2 heures au camp. Une fois tout le monde rassasié, nous voilà repartis pour la partie la plus exigeante du trek : finir l’ascension jusqu’au 4 200 m de la Dead woman pass que l’on aperçoit au loin.


Le début du chemin est tout aussi magnifique que le début de matinée, mais après quelques centaines de mètres, la végétation commence à disparaître du fait de l’altitude. Le temps est aussi moins clément, alors que le matin nous n’avions que des nuages, l’altitude transforme tout cela en brouillard, on n’y voit pas à 50 mètres… Et ça grimpe… Après je ne sais pas combien de temps, j’aperçois deux figures qui me font signe en haut de la côte, c’est Fabrice et Riley qui sont déjà arrivés en haut et qui me donnent du courage pour les rejoindre. Quand j’arrive, le brouillard se lève légèrement et on peut apercevoir le camp où l’on a pris notre deuxième petit-déj. Au final, je me suis bien débrouillée, je n’ai pas trouvé la montée trop difficile.

Nous attendons un peu en haut avec Fabrice et Riley voir si nos autres compagnons arrivent. Markus nous rejoint après quelques minutes.

On décide de ne pas attendre plus car il fait froid et humide. Nous entreprenons la descente jusqu’au camping où nous allons dormir. La descente n’est pas compliquée mais pénible: des escaliers en pierre qui n’en finissent pas et toujours ce brouillard…



Nous avons enfin le camp en ligne de mire après quelques dizaines de minutes. Il est 14 heures, la journée de marche est finie, plus qu’à attendre les autres pour le déjeuner.
Les derniers arriveront vers 16 heures. En attendant, nous sortons notre jeu de Uno et proposons à nos compères de jouer avec nous, Markus et Peter se joignent à nous. Les Chaskis nous observent en train de jouer, on leur propose de jouer, deux accepterons, Aurelio et Felino. Fabrice leur explique les règles et nous passons bien le temps. On passera toute l’après-midi à jouer et à boire du chocolat chaud.
Pour le troisième jour, nous avons également droit au maté dès 5 heures du matin. Je jette un coup d’œil dehors ; le temps n’a pas changé : un brouillard avec un léger crachin. Après le petit-déjeuner, nous nous mettons en route pour la plus longue journée de marche, notre retour au camp le soir ne se fera que vers 17h30, il faut dire qu’il y a plein de choses à admirer sur le chemin ! Malheureusement, je ne me sens pas bien, j’ai mal au ventre et envie de dormir, la journée sera difficile pour moi.

Nous nous arrêtons aux premières ruines du parcours, Runkurakay, où Noemi nous explique le fonctionnement de l’empire Inca, avec son administration et son organisation. J’ai du mal à me concentrer sur ce qu’elle raconte et ai le sentiment que je vais tomber dans les pommes. Nous reprenons la marche, toujours en montée, jusqu’à arriver au deuxième point culminant (3 950 m).

Pour la descente, je me sens mieux et peux mieux profiter des ruines de Sayqmarka, ancien village Inca, que nous avons le temps d’explorer avant de continuer la descente.
Les ruines de Sayqmarka
On prend notre temps et sommes les derniers à repartir des ruines, nous sommes maintenant à moins de 3 600 m d’altitude et les arbres réapparaissent. Le chemin est superbe, très souvent en pierre comme on peut l’imaginer, avec des rochers couverts mousse, de la bruyère.
Photos de paysages de la matinée
Nous nous arrêtons au camp pour déjeuner, le cuisiner a même préparé un gâteau !

Nous repartons le ventre bien rempli, toujours avec un paysage superbe. La brume donne un air mystérieux au paysage.

Avec la descente, la brume commence a disparaître et enfin nous pouvons admirer les paysages des vallées alentour, notamment la montagne du Machu Picchu et du Wayna Picchu. Mais on ne voit pas les ruines de la cité, elles sont de l’autre côté des montagnes.

Après un bon moment, nous traversons un tunnel creusé par les Incas, avant de continuer la descente jusqu’au dernières ruines inca avant notre arrivée au camping, Intipata. Encore une fois des dizaines de terrasses (plus de 30 !) avec quelques habitations. Nous prenons notre temps pour visiter et rejoignons le camping un peu avant la tombée de la nuit.


Pour notre dernière nuit sur l’Inca trail, nous avons droit encore à un très bon repas et à une présentation de l’intégralité de l’équipe de Chaskis. Nous allons nous coucher vers 20h, car le réveil de demain est prévu très tôt et je ne me sens toujours pas top.
Il est 3h30, Fabrice me réveille pour que nous commencions à faire nos sacs et allions petit-déjeuner. Je me sens un peu mieux mais comme la veille pas très en appétit. Il est aux environs de 4h30 quand nous commençons à nous mettre en route, nous faisons quelques centaines de mètres et arrivons au dernier point de contrôle de l’entrée du parc de Machu Picchu. Il va falloir attendre jusqu’à 5h30 que les gardes ouvrent les portes… Nous sommes plusieurs dizaines à attendre impatiemment. Fabrice me dit qu’il faudra se dépêcher pour profiter au maximum de la vue avec le moins de monde possible. Nous sommes assez inquiets: vu l’épais brouillard qui nous a accompagné toute la journée d’hier, nous ne savons pas encore si nous pourrons voir la Cité ou si elle sera noyée dans les nuages lors de notre arrivée à la Porte du Soleil. Enfin 5h30, les portes s’ouvrent mais nous devons attendre encore 10 minutes que notre tour de passer arrive. Ça y est on peut passer, Fabrice s’arrache et comme la plupart du temps dans ce trek, je le vois partir au loin. J’essaye de le suivre à mon rythme et de me faire un chemin pour dépasser des randonneurs qui marchent plus lentement. Finalement, la brume s’est levée avec le Soleil, et on voit parfaitement les paysages autour de nous. Après 45 minutes à bon rythme, j’arrive à Inti Punku (la porte du soleil) et je peux admirer la cité de Machu Picchu.

Depuis la porte du soleil, la cité parait petite, ce n’est qu’en s’en approchant que l’on se rend compte de sa taille. Il n’y a pas à dire c’est vraiment la plus belle des ruines Incas que nous avons eu l’occasion de voir au cours de notre voyage au Pérou. Qu’es- ce qui lui donne cette aura ? Déjà pouvoir la voir d’en-haut, la nature environnante, le fait que tout soit condensé dans un espace réduit.

Et aussi, pour nous randonneur, le fait d’avoir marché pour le mériter. Je ne peux ressentir que de la fierté d’être arrivée jusque-là.

Il est aux environs de 7 heures, nous attendons nos derniers compagnons pour faire une photo de groupe et aller jusqu’aux ruines. Tout le monde y est arrivé et peut être fier de soi !

Noemi et Edwin nous accompagnent dans les ruines pour nous donner des explications pendant une petite heure, notamment pourquoi la cité a été construite ici: c’est le point de rencontre entre les diagonales d’un triangle formé par 3 glaciers (les montagnes étaient vénérées par les Incas, d’autant plus les glaciers), la forme des montagnes dessine également un visage qui serait celui de l’Inca, enfin il se situe à la bordure de la forêt d’altitude qui fournissait beaucoup de ressources aux populations et des plantes pour les cérémonies sacrées.

Machu Picchu a été redécouvert par un archéologue américain: Hiram Bingham. La ville aurait été « oubliée » au cours des siècles car la cité n’intéressait plus les empereurs Incas. Hiram ne serait tombé dessus quand cherchant la dernière capitale Inca, Vilcabamba. Par ailleurs, Machu Picchu était un lieu sacré pour les Incas. Voyant que les espagnols ont systématiquement détruits leurs lieux sacrés pour les transformer en églises ou démontés pour construire d’autres bâtiments, les Incas ont fait de leur mieux pour garder secret cet endroit et avaient même partiellement détruit le sentier y conduisant.
Machu Picchu est en fait le mont de la montagne sur lequel repose le site. Contrairement à ce qu’on entend souvent, la traduction n’est pas « Vieille Montagne » mais « La Vieille Cité sur la Montagne ». Il est aussi amusant de savoir que le mont que l’on voit sur toutes les photos emblématiques du site n’est pas Machu Picchu mais Huayna Picchu, la jeune montagne. Des ruines sont également présentes en haut de ce site, après une montée vertigineuse.

Le site de Machu Picchu aurait été à la fois un site religieux et une des résidences de l’empereur Pachacutec. On y trouve également des terrasses pour l’agriculture et des habitations pour l’élite de la civilisation.





Après les explications de nos guides, chacun part visiter les ruines de son côté. Nous y passerons presque toute la journée. S’il y avait beaucoup de monde le matin et en début d’après-midi, la foule s’est ensuite considérablement réduite et en milieu d’après-midi, nous sommes nettement plus tranquilles pour profiter du site.
Nous avons eu de la chance au cours de la matinée: les nuages se lèvent et on peut admirer la cité sous le soleil, on prend notre temps pour visiter les ruines et ne repartirons des ruines que vers 16h30. Nous prenons le bus qui nous amène à Aguas Calientes (« Machu Picchu Pueblo »), le village qui a été construit pour accueillir les touristes au pied de la montagne.
Nous retrouverons nos amis dans le train pour le retour à Ollantaytambo, puis dans le bus pour rejoindre Cusco.
Autres photos de Machu Picchu