Date de notre séjour : Du 13 au 14 août 2016
Lors de ma première visite au Pérou, il y avait plusieurs sites archéologiques d’importance que je n’avais pas pu visiter car un peu trop excentrés de mon premier itinéraire.
Nous avons donc profité de notre séjour pour aller au Nord de Lima et nous arrêter à Trujillo. En plus, on avait entendu dire que cette ville était jolie et agréable. Sur ce point, nous avons été quelque peu déçus. Pour nous, jolie et agréable, c’était quelque chose qui nous donnerait un goût de Arequipa. Nous avons été déçu sur ce point et nous avons profité de nos balades en ville pour essayer de comprendre et chercher le charme promis. En vain.
La ville est sympa, mais c’est tout. Et puis, nous avons découvert une habitude absolument insupportable de certaines villes péruviennes et de leurs automobilistes:l’usage abusif et incessant du klaxon. Au début, on n’y prête pas trop attention, mais assez rapidement, ça devient envahissant et très pénible : vous marchez dans la rue, vous n’avez rien demandé à personne. Un taxi passe et il vous klaxonne pour vous signaler qu’il est là et dispo. Et derrière lui, il y a d’autres taxis (beaucoup) qui en font autant. Une voiture arrive à un carrefour : le conducteur klaxonne. Le conducteur de devant ne démarre pas assez rapidement : celui de derrière met un coup de klaxon. Un automobiliste voit un piéton traverser très loin devant lui : il klaxonne. Bip bip. C’est incessant, envahissant, fatigant.
Le lendemain matin de notre arrivée, nous prenons un taxi (après qu’il nous ait klaxonné) afin qu’il nous amène sur le site de Chan Chan. Le site se trouve à quelques kilomètres de la ville. Le long de la route, nous voyons des monticules de terre, des formes de bâtiment.
Nous sommes dimanche, le site vient d’ouvrir et il y a peu de visiteurs. Nous payons l’entrée et demandons s’il est possible d’avoir un guide. Une dame qui arrivait se présente en nous disant qu’elle est guide officielle et qu’elle parle anglais. La première partie est vraie, mais la deuxième nettement plus aléatoire… après avoir commencé la visite, nous nous rendons compte que si elle parle anglais, c’est avec un très très fort accent et nous avons beaucoup de peine à comprendre tout ce qu’elle nous raconte.
Chan Chan est un site archéologique de la période pré-Inca. Elle fut bâtie par la civilisation Chimu. Elle fut la capitale impériale de ce royaume. C’est une immense ville construite en adobe (mélange de boue séchée et de paille) qui est datée entre 850 et 1470 après JC. A son apogée, 30 000 habitants vivaient ici. C’est la plus grande ville à l’architecture en terre de l’Amérique du Sud.
Chacun des souverains qui se sont succédés ici ont construits leur propre palais, jusqu’au jour où les Incas sont arrivés et ont mis fin à cette civilisation. Chacun des rois était ensuite momifié et reposait dans le tombeau de son palais. Il y a ainsi dix palais. Un seul a réellement été fouillé et peut être visité. Les autres patientent, sous le sable du désert et seront probablement visitables dans quelques années, après que les archéologues auront fait leur travail.
De part la fragilité des matériaux employés, plusieurs parties du palais qu’on peut visiter ont été recouvertes d’un toit pour les protéger des intempéries.
Le site est réellement impressionnant, vaste, fascinant et nombre de sculptures qui ornent les murs sont très bien conservées, mais le temps et la météo ont fait beaucoup de dégâts et il faut faire preuve d’imagination pour se représenter la vie quotidienne telle qu’elle se déroulait ici. En tout cas, il règne ici une ambiance émouvante, propre aux vieilles civilisations disparues. Chan Chan est ceint par un mur d’enceinte qui atteignait plus de 10m de hauteur. Cette ceinture est encore visible et la hauteur des murs impressionne.
Il est clair que cette ville était habitée par plusieurs classes sociales : modestes, intermédiaire et monumentale. La ville est ainsi parsemée d’habitations, de temples, d’entrepôts, d’ateliers. Les Chimu avaient aussi mis au point un système complexe d’irrigation et de stockage de l’eau.



Sculptures sur les murs. Les motifs marins sont omniprésents

Le tombeau du souverain
Vous avez noté la hauteur des murs?
Sur cette vue, on voit très bien comment les murs étaient constuits
Le réservoir d’eau
Une allée


La partie qui nous a le plus éblouie
Selon les croyances de ce peuple, le premier empereur était venu de l’océan. Par conséquent, les Chimu vénéraient particulièrement l’océan et nombreuses sont les références qui montrent cette vénération : les animaux marins (poissons , pélicans), des motifs en formes de vagues ou en forme de losange pour rappeler les filets de pêche. L’eau y était également vénérée.
Valeur universelle exceptionnelle
Brève synthèse
Le royaume Chimú connut son apogée au XVe siècle, peu avant de succomber à la puissance Inca. Sa capitale, Chan Chan, établie dans la vallée fluviale jadis fertile de Moche ou Santa Catalina, était la plus grande ville à l’architecture en terre de l’Amérique précolombienne. Les ruines de cette vaste cité reflètent dans leur tracé une organisation politique et sociale rigoureuse matérialisée par le cloisonnement en neuf ‘citadelles’ ou ‘palais’ comme autant d’unités indépendantes.
La valeur universelle exceptionnelle de Chan Chan réside dans l’importance des vestiges de cette ville immense, hiérarchisée dans sa planification, avec ses systèmes industriel, agricole et de gestion de l’eau pour subvenir à ses besoins.
La zone monumentale d’environ six kilomètres carrés au cœur de la cité qui s’étendait alors sur vingt kilomètres carrés, comprend neuf grands ensembles rectangulaires (‘citadelles’ ou ‘palais’) délimités par d’épaisses et hautes murailles en terre. À l’intérieur de ces unités se dressent des bâtiments autour d’espaces libres : des temples, des habitations, des entrepôts, mais aussi des réservoirs et des plateformes funéraires. Les murs en pisé des édifices étaient souvent décorés de frises représentant des motifs abstraits et des sujets anthropomorphiques et zoomorphiques. Autour de ces neuf ensembles étaient aménagés trente-deux enclos semi-monumentaux et quatre secteurs de production consacrés aux activités de tissage, de travail du bois et des métaux. De vastes terres agricoles et les vestiges d’un réseau d’irrigation ont été découverts plus au nord, à l’est et à l’ouest de la ville.
Les rivières Moche et Chicama alimentaient alors un système d’irrigation complexe au moyen d’un canal de 80 kilomètres de long qui desservait la région de Chan Chan à l’apogée de la civilisation Chimú.
Critère (i) : La planification de la plus grande ville en terre de l’Amérique précolombienne est un chef-d’œuvre absolu de l’urbanisme. Son zonage rigoureux, le traitement différencié de l’espace habité et la hiérarchie du bâti illustrent un idéal politique et social qui s’est rarement exprimé avec une telle évidence.
Critère (iii) : Chan Chan apporte un témoignage unique et est la ville la plus représentative du royaume Chimú disparu, où s’expriment et sont synthétisés onze mille ans d’évolution culturelle dans le nord du Pérou. L’ensemble architectural intègre de façon inédite l’architecture symbolique et sacrée avec les connaissances technologiques et l’adaptation au milieu originel.
Intégrité
Chan Chan détient tous les éléments qui justifient sa valeur universelle exceptionnelle sur une étendue de quatorze kilomètres carrés qui, bien qu’étant inférieure à la surface initiale de la ville, contient des éléments représentatifs des unités architecturales, des routes cérémoniales, des temples et des unités agricoles qui en démontrent l’importance.
Le bâti en terre de la cité, ainsi que les conditions environnementales, y compris les conditions climatiques extrêmes causées par le phénomène El Niño, augmentent le risque de délabrement et de détérioration du site archéologique. Toutefois, l’entretien permanent à l’aide de matériaux en terre atténue le degré d’impact physique.
Le cadre et l’intégrité visuelle du bien ont subi les effets néfastes de pratiques agricoles illégales, exacerbées par la résolution en suspend des questions de régime foncier et de relogement, ainsi que par l’empiètement urbain et le développement d’infrastructures, telle la récente implantation d’une usine d’aliments pour animaux et la route Trujillo-Huanchaco qui coupe le site en deux depuis l’époque coloniale.
Authenticité
Dans sa forme et sa conception, le site archéologique exprime encore véritablement l’essence du paysage urbain monumental de l’ancienne capitale chimú. De même, les aménagements hiérarchiques qui reflètent l’extrême complexité politique, sociale, technologique, idéologique et économique à laquelle était parvenue la société chimú entre le IXe et le XVe siècle, sont encore clairement discernables. L’architecture en terre d’origine avec ses motifs et ornements religieux, bien que sujette au délabrement, fait l’objet d’interventions de conservation à l’aide de matériaux en terre et est encore véritablement représentative des méthodes de construction et de l’esprit du peuple Chimú.
Source: site de l’Unesco
En sortant du site, un chauffeur de taxi est venu à notre rencontre afin de nous proposer de nous amener sur d’autres sites à proximité de Trujillo. Nous avions l’intention de nous rendre sur certains de ces sites, nous avons donc accepté.
Nous avons fait notre premier stop au petit musée de Chan Chan dans lequel sont exposés divers objets retrouvés sur le site.

Pièce du musée
Puis, nous sommes allés à Huaca Arco Iris. Le site est assez petit, mais sur les murs, on peut admirer de magnifiques bas-reliefs, dont certains ont été remarquablement préservés. Merci au sable qui avait recouvert et ainsi protégé le site, puis un autre site dont j’ai oublié le nom et enfin la Huaca Esmeralda. Ces sites sont assez petits et la visite se fait donc rapidement.







Les sites de Huaca Arco Iris et de Huaca Esmeralda
Nous avons ensuite terminé la journée sur les sites de la Huaca del Sol (qu’on ne pouvait pas visiter) et de la Huaca de la Luna. Je ne connaissais pas ces sites, ce fut une excellente surprise tant ce dernier est joli, intéressant et impressionnant.
Tous les indices montrent que la Huaca de la Luna était un important centre cérémoniel d’une civilisation ancienne, les Moche, qui a précédé Chan Chan d’environ 700 ans.
La particularité de ce site, c’est que, pour une raison encore indéterminée, le temple a été régulièrement agrandi, mais à chaque fois, on comblait ou cachait la partie ancienne pour faire un autre temple, plus grand, autour. Un peu comme les poupées russes.
De cette façon, d’anciennes gravures, ainsi que la peinture ont été relativement bien préservées. Les archéologues supposent que chaque agrandissement marquait un changement politique ou un nouveau dirigeant.
A noter que les Moche ne vénéraient ni la Lune ni le Soleil, mais les espagnols ont ainsi nommés ces sites car ils assimilaient toutes les civilisations précolombiennes à celle des Incas.






Le superbe site archéologique de la Huaca de la Luna
La Huaca del Sol, vu depuis la Huaca de la Luna. Le site a beaucoup souffert du temps et des intempéries.
