El Calafate, El Chaltén: d’un glacier à un autre

Pour quitter Ushuaia, nous étions un peu hésitants : prendre le bus ou prendre l’avion pour rejoindre notre prochaine destination ? Nous avons discuté avec un local qui nous a expliqué que par avion, nous en aurions pour 1h30 alors que par le bus il faudrait plutôt compter 18h de trajet. Le bus, pourquoi pas, c’est quand même sympa pour profiter des paysages. Seulement, voilà , les décors au Nord d’Ushuaia sont de la steppe assez monotone, et le trajet de bus se fait de nuit. Du coup, c’est un peu ballot pour se motiver à affronter le bus. Nous avons donc opté pour l’avion.

Direction donc le petit -mais moderne- aéroport d’Ushuaia et nous nous envolons pour El Calafate. Le principal attrait de cette ville est la proximité avec le glacier Perito Moreno, le 3° plus important glacier de la planète en termes de superficie. Les deux plus grands étant en Antartique et au Groenland. Le calafate est également le nom d’une baie de couleur violette, qui, parait-il, une fois qu’on y a goûté, on est certain de revenir un jour en Patagonie. Du coup, pour me donner le plus de chances possibles, j’en ai mangé un buisson entier (racines y compris).

 

Une fois à l’aéroport, nous prenons un taxi qui nous amène à notre joli hôtel, une ancienne instancia (ranch patagon) reconvertie en hôtel.

Nous allons faire un tour en ville, nous passons devant quelques agences de voyage afin de décider quelles balades nous allons faire. Nous optons pour une formule un peu tout en un afin d’aller voir le glacier. Nous sommes quand même un peu fatigués et nous retournons à l’hôtel afin d’être un peu flemmards et nous reposer.

Le lendemain matin, un bus vient donc nous chercher et nous partons vers le glacier. Un changement de bus plus tard, nous sommes toujours en route vers le glacier. Nous finissons par l’apercevoir, et.. whaou ! Bon, depuis plusieurs semaines, des glaciers en Patagonie, nous en avons vu un certain nombre. Et bien, pourtant, le spectacle est à chaque fois aussi saisissant, d’une éblouissante beauté, hypnotique et bouleversant. Des montagnes, des coulées de neige qui se déversent en contrebas pour former un incroyable -et impressionnant- mur de glace ultra compactée. Et ce bleu, ce bleu profond électrique qui se mêle à la blancheur immaculée de la neige. Et, enfin, en dessous, un lac aux eaux bleues/grises où traînent paisiblement quelques glaçons qui se sont détachés. Parfois, on entend un bruit sourd, vraiment similaire à celui de la foudre. Les conversations cessent, les têtes se tournent, et, parfois, on voit des blocs qui se détachent de la paroi glacée pour tomber avec grand fracas dans les eaux du lac.

 

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Sur la route du glacier Perito Moreno

 

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The Wall? non, le glacier Perito Moreno

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Ca mérite bien quelques jumps!

 

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Nous arrivons donc au glacier. Plusieurs terrasses aménagées permettent de profiter de l’extraordinaire vue depuis plusieurs perspectives différentes. En fait, on ne sait pas trop où se mettre. Mais au final, peu importe, le spectacle est saisissant depuis partout. C’est photogénique un glacier : depuis partout, c’est beau.

 

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Mais c’est si beau qu’on en oublie l’heure. Amandine et moi, on aime bien s’arrêter, prendre le temps de contempler. Si ça ne tenait qu’à moi, je poserais mon tapis et mon coussin dans ce genre d’endroit afin de m’asseoir et de méditer, et d’essayer d’imprimer à jamais le spectacle dans mon esprit et dans mes souvenirs. Et donc, voilà, fichtre, il faut qu’on speede vraiment pour faire la boucle et rejoindre le parking où nous attend le bus. On se dépêche donc. On remonte dans le bus qui nous amène au port. Nous allons faire un peu de navigation sur le lac avant de rejoindre le lieu d’où nous allons partir faire notre ice-walking, autrement dit, notre excursion à pied sur le glacier lui-même.

Il y a beaucoup de monde avec nous sur le bateau, du coup, nous restons à l’intérieur et nous regardons la muraille de glace se rapprocher de nous. Evidemment, on a un peu l’impression d’être dans Game of Thrones en approchant de ce Mur.

 

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Une fois à terre, nous patientons et attendons notre tour pour qu’on nous mette les crampons qui nous permettrons de marcher sur la glace. Et puis c’est parti pour 1h30. Après le volcan Villarica, nous avons une petite expérience qui fait qu’on se sent tout de suite à l’aise. Nous marchons en file indienne, je profite de quelques instants où on s’arrête pour attendre les suivants pour prendre des photos. Nous faisons également des pauses à quelques endroits qui sont particulièrement jolis pour, chacun notre tour, prendre des photos de l’endroit en question. Je ne vais pas prendre la peine de préciser à quel point c’est beau et combien l’endroit est magique…

 

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Nous arrivons à un endroit où sont dressées des tables. La guide sort des bouteilles de whisky (d’eau, également), et nous remplit des verres qu’elle distribue, après y avoir mis de la glace prise quelques mètres plus loin. Nous trinquons donc. Moi au whisky, Amandine à l’eau. Oui, je sais, elle n’est vraiment pas funky ! J’avais posé la question un peu plus tôt, on estime que la glace que nous avons dans nos verres a environ 400 ans d’âge. C’est quand même assez émouvant quand on y pense. Une fois la balade sur le glacier terminée, nous faisons une marche dans la forêt, puis, retour sur le bateau et enfin à l’hôtel.

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Un whisky ou de l’eau avec votre glace?

 

En bons français, il est nécessaire d’ouvrir une parenthèse culinaire:

Il n’y a pas à dire, après avoir fait quelques pays, impossible de trouver un endroit qui puisse rivaliser avec la France pour son pain. Pour nos en-cas de midi, on a essayé des sandwiches, mais bofbofvoilàquoi. Nous avons contourné le problème en optant pour des spécialités locales, à savoir des empanadas. L’autre avantage, c’est que c’est vraiment pas très cher. Il s’agit de chaussons (plus ou moins gros) cuits à l’huile ou au four, aux diverses saveurs : fromage, jambon/fromage, poulet, légumes. Nous, on essaye de réduire notre consommation de viande, du coup, on a plutôt privilégié celles aux légumes. A côté de notre hôtel, il y avait une boulangerie sympa qui vendait des empanadas, mais surtout, des viennoiseries (facturas) de toutes sortes, vraiment super bonnes, à un tarif dérisoire. Passer chercher des empanadas, mais surtout des facturas pour le (trop) gourmand que je suis est presque devenu un rituel. Par ailleurs, dans cette ville, nous sommes allés manger dans un restaurant appelé Pura Vida qui nous a tellement plu qu’on y a mangé 4 fois (oui, oui). Les lasagnes qu’on y a mangé étaient un vrai régal.

Fermons la parenthèse des anecdotes gastronomiques.

Le lendemain du glacier, nous optons pour une balade tranquille : la Laguna Nimez. Une excursion autour d’une lagune afin d’observer la faune et la flore. On peut notamment y voir des flamants roses. J’adore les oiseaux, et les flamants roses sont parmi ceux que j’aime particulièrement. Nous avons cheminé tout tranquillement, essayant de ne pas faire beaucoup de bruit. Après avoir vu quelques oiseaux, je m’arrête. Pas très loin de nous, j’aperçois un renard ! Nous le voyons, puis, il disparaît derrière des fourrés. D’autres visiteurs ont compris qu’il se passait quelque chose, mais le temps qu’ils arrivent, le renard a disparu. Nous continuons la balade. Des rapaces, des oies, des oiseaux plus modestes dont j’ai oublié le nom. Malheureusement, si nous pouvons voir de nombreux flamants, ceux-ci sont vraiment loin de nous. Bien trop loin pour que nous puissions les approcher. Tant pis.

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Amandine, toujours sur le pied de guerre

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Lointains flamants roses

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J’aime bien cette photo!

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Le renard

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Le lendemain, nous prenons le bus pour aller à El Chaltén, ville auto-proclamée capitale du trekking de l’Argentine. Après quelques heures de bus, nous arrivons dans cette petite ville isolée. Le décor est superbe. Des glaciers sont visibles, des montagnes majestueuses, dont une qui est particulièrement mythique : le Fitz Roy. Cependant, durant notre séjour, nous n’aurons que peu de chances de vraiment le voir : cette montagne est très souvent cachée par des nuages qui viennent paresseusement s’accrocher à elle.

Comme d’habitude, une fois arrivés, nous nous laissons la première journée pour prendre nos marques, nous renseigner et décider des endroits où nous irons. Notre première balade sera la plus facile des alentours : 2h de marche aller/retour vers une cascade. Nous nous mettons en marche et j’arrête Amandine. Sur notre gauche, il y a un éperon rocheux, et au-dessus, des formes noires caractéristiques qui planent gracieusement : des condors ! Nous restons quelques instants à les observer puis nous nous remettons en route. Nous arrivons à la cascade et nous sommes agréablement surpris car elle est toute jolie.

 

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Mais pour le lendemain, ce sera plus sérieux, nous choisissons de faire la rando la plus difficile et la plus longue, vers le Laguna de los Tres. Nous nous mettons en route vers les 9h. Assez rapidement, arrive une invitée surprise qui nous accompagnera toute la journée : la neige ! Au début, ça tombe gentiment, mais assez rapidement, le sol commence à se parer d’une fine pellicule blanche qui peu à peu devient une couverture. Les arbres, les buissons commencent eux aussi à blanchir. Et ça tombe de plus en plus dru. De belle, la forêt devient magique. Par contre, le ciel est complètement bouché tout autour et les paysages se refusent à nous. Mais qu’importe ! Le décor est superbe avec cette couche blanche qui craque sous nos pas.

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La marque des héros!

 

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Nous arrivons au pied de l’ascension finale vers le Lac. Il y a un petit refuge où attendent quelques randonneurs, dont des français, qui ne savent pas s’ils vont tenter de monter. Moi, je suis enthousiaste, et j’ai envie d’y aller. Du moins, je veux aller voir si l’ascension est possible sans trop de danger. Si les conditions sont trop compliquées, ce sera demi-tour. Amandine et moi partons, suivis par nos nouveaux compagnons. Nous montons, nous montons. La neige sur le chemin est immaculée, avec quelques vagues traces de pas qui nous disent que peu de personnes ont entrepris de monter aujourd’hui. Ca grimpe, mais rien de méchant. Là où ça devient méchant, c’est lorsque je m’aperçois qu’il y a plusieurs centimètres de glace sur des pierres qui servent d’escalier. Je passe le message, et la montée se poursuit. À certains endroits, la neige arrive jusqu’au genou… mais nous montons et nous arrivons en haut sans encombre. Le ciel est bouché, mais nous voyons le lac et son décor grandiose, bien qu’effacés par les nuages.

 

 

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Un jump bien mérité!

 

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Givré moi-même

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Nous redescendons et rentrons. La neige cesse finalement de tomber et commence à fondre. Nous passons par des lieux que nous avons vu le matin, mais sans la neige, nous les reconnaissons à peine. Lors de la traversée d’une clairière, je me retourne, et hoooooo…. derrière nous apparaît presque soudainement le décor que nous n’avions pas pu voir. Des montagnes, des glaciers, la forêt. C’est magnifique. Et ainsi, nous retournons en ville en redécouvrant complètement le décor qui est si différent de celui que nous avons vu le matin.

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Le jour suivant, nous partons pour la Laguna Torre. Là encore, c’est un glacier absolument magnifique. Le sentier monte et descend, pour ensuite devenir pratiquement tout plat. Par-ci par-là, il y a un peu de neige pour se rappeler à nous. Nous traversons une forêt. Amandine m’appelle, la voix teintée d’émotion et de surprise : il y a un huemul ! Il s’agit d’un animal andémique de Patagonie qui ressemble à une biche. Cependant, il a été chassé et pratiquement exterminé, si bien qu’il est extrêmement rare d’en voir un. L’apparition sera très brève, j’aurai juste eu le temps de l’apercevoir. Un peu plus tard, nous croiserons un homme qui nous demande si nous l’avons vu. Oui, qu’on lui répond. Il nous montre ses photos et nous explique qu’il vient ici depuis des années et que dans toute sa vie, il en a vu deux. Et nous, pour notre première fois, nous en voyons un… ensuite nous arrivons au glacier, et comme à chaque fois, nous sommes émerveillés. Nous nous approchons, puis nous faisons demi-tour et empruntons un sentier différent. Les esprits de la nature étaient avec nous car, un peu plus loin, un peu en contrebas, j’aperçois quelque chose. Serait-ce… oui, c’est un huemul ! Un deuxième. Nous stoppons. Il s’approche et passe tout tranquillement juste en dessous de nous. Cette fois, nous aurons tout le temps de l’observer avant qu’il ne disparaisse, aussi paisiblement qu’il était arrivé. Plus tard, je suis allé voir les gardes du parc afin de les informer de cette rencontre et leur donner les photos du bel animal devenu si rare.

 

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Le huemul, qui est venu nous offrir un moment rare

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Le glacier de la Laguna Torre

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Les couleurs automnales de la Patagonie: la forêt brûle de 1000 feux

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Une de nos activités préférées: faire des câlins, même aux arbres (vraiment)

 

Pour notre dernier jour, nous partons avec un bus qui nous amène à l’hosteria El Pilar afin de retourner dans les environs de la balade vers Laguna de los Tres, mais par un chemin différent. Il y a encore de la neige, de la boue. Nous traversons une autre forêt magnifique. Mais ce jour-là, la météo n’est pas très bonne et il se met à pleuvoir. Pas une grosse pluie, mais ça tombe quand même bien. Le ciel est à nouveau bouché. Nous avions pensé remonté à la Laguna de los Tres, mais vu la météo, notre fatigue, nous préférons rentrer à El Chaltén afin de prendre un peu de repos, quand même bien mérité. Pour ma part, je profite néanmoins de ces derniers instants passés dans les extraordinaires et magnifiques forêts de la Patagonie Australe.

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