Du Détroit de Magellan jusqu’au Cap Horn: les fjords, l’eau et les vents de la Terre de Feu

 

Après avoir passé tant de temps à rêver des paysages de l’extrême Sud du continent américain, à en regarder les cartes en se demandant à quoi pouvait précisément ressembler cette région si fascinante, le moment de se mettre en route vers la Terre de Feu approchait.

 

Après notre trek, Amandine était favorable à ce que nous nous mettions en route vers Ushuaia. Pour ma part, j’avais envie de m’attarder un peu et de prendre le temps de voir les paysages qui nous séparaient de la ville mythique. Si ça avait été possible, j’aurais tellement aimé d’explorer toutes les îles et les endroits méconnus de la région et de voir le Détroit de Magellan, le canal de Beagle et tous ces autres lieux dont le seul nom inspire l’aventure, les grands espaces et de nombreux mythes.

 

En se baladant dans Puerto Natales après notre W, nous est venue une idée: nous avions entendu parler d’un bateau de croisière qui ralliait Ushuaia en navigant dans le dédale des canaux de la Terre de Feu. Il se trouve que nous sommes passés devant une agence de la compagnie Australis, et, comme ça ne coûte rien de demander, nous avons poussé la porte de l’officine. La dernière expédition de la saison partait deux jours plus tard. On nous a parlé du Détroit de Magellan, du canal de Beagle, du passage de Drake et aussi du Cap Horn. J’en frissonnais. On nous a aussi parlé d’un discount de près de 1000€ sur les billets, d’une formule all-inclusive et d’une cabine AAA si on embarquait dans le navire. Ca faisant quand même 1300€ le billet pour chacun. Nous sommes sortis pour faire un tour et réfléchir à cette proposition. Nous sommes revenus dans l’agence quelques instants plus tard pour acheter nos billets. En effet, quelle pouvait être une meilleure approche pour mieux nous imprégner de l’endroit, accoster sur des îles qui nous étaient sinon inaccessibles avant d’arriver à Ushuaia?

L’itinéraire sera le suivant:

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Il ne nous restait plus qu’à acheter notre billet de bus pour nous rendre à Punta Arenas, la grande chilienne de la Patagonie, où nous irions embarquer sur le Stella Autralis.

A Punta Arenas, la météo était maussade: pluie, nuages étaient là, ainsi que le Détroit de Magellan. Nous avons marché sur la plage et je regardais ce Détroit en m’imaginant le navire de Magellan qui était passé sur ces eaux froides aux couleurs ardoises.

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Le Détroit de Magellan depuis Punta Arenas

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Et nous pouvions également voir le navire sur lequel nous allions embarquer: le Stella Australis. Nous ne savions pas à ce moment-là que cette croisière serait tout simplement extraordinaire…

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Dans l’après-midi du samedi 02 avril 2016, nous montons donc à bord. On nous conduit dans notre cabine, sur le 4° pont, on nous ouvre la porte et nous nous retrouvons face à une immense vitre, dans une superbe cabine. Nous sommes immédiatement séduits et convaincus que c’était une excellente idée que de faire cette croisière.

 

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Amandine inspecte les lieux

 

Promenade sur différents endroits du navire: rien à redire, c’est le grand luxe. Sur le déroulement de la croisière, on aura effectivement un vrai all-inclusive: open bar (suffit de demander le cocktail qu’on veut, prendre les cahouètes ou les olives pour aller avec -s’il en reste-), buffet au petit-déjeuner et au déjeuner, menu soigné le soir. Au 3° pont: un salon de thé (self-service) avec des pâtisseries laissées à disposition. Des accès à l’extérieur à l’avant et à l’arrière de chaque pont. Le planning de chaque journée était: petit-déjeuner, puis, en fonction de l’intérêt des différents endroits, sortie sur une île (par zodiac), projection d’un documentaire, manger, sortie sur une île ou sur le pont, boire un thé, manger une pâtisserie, manger, voir un documentaire, dormir. Ajoutons les moments d’émerveillement qui sont omniprésents. Mais bon, il faut reconnaître qu’avec le all-inclusive, on a tendance à quelque peu abuser et d’aller au-delà du raisonnable…

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Le bar

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Mais bon, nous avons eu les « expéditions » et des marches qui allaient avec. Et comme je le disais, nous sommes allés d’un émerveillement à un autre. La Nature et la beauté des lieux nous en ont mis plein les yeux et plein les cœurs. Les paysages des fjords nous ont forcément rappelés ceux qu’on avait vus depuis le ferry, mais en encore mieux! Des albatros et des otaries qui semblaient s’amuser dans les eaux ardoises faisaient régulièrement des apparitions.

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En Patagonie, la haute saison va d’octobre à mars. Janvier/février étant les mois où la fréquentation est la plus élevée, l’été patagon. Ainsi, notre arrivée dans cette lointaine contrée coïncide avec l’arrivée de l’automne. Les forêts avaient commencé à se parer de jaune, de rouge et même de pourpre.

 

Premier jour: Ainsworth Bay. Nous sommes allés sur une île qui nous a permis de découvrir la faune et les paysages somptueux de la Patagonie. Notre guide était franchement sympathique.

La forêt commençant à s’embraser des couleurs automnales, l’eau omniprésente, et les glaciers en toile de fond: magique. A noter que si la faune est présente, elle est extrêmement discrète et timide.

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Débarquement des troupes

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Amandine saute encore plus haut quand elle est enthousiasmée

 

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Puis, nous sommes allés autour des Tucklers Islands afin d’admirer les animaux (nous n’avons pas débarqué, nous avons tourné autour des îlots). Nous avons pu voir des cormorans impériaux et surtout les adorables pingouins de Magellan. Vraiment mignons, curieux, et pas vraiment effrayés de notre présence. J’aurais aimé avoir une focale un peu plus longue pour mes photos :/

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Au deuxième jour, notre bateau progresse dans les fjords. Dans l’après-midi, nous débarquons dans la baie de Pia où se trouve un magnifique glacier (du même nom), du même bleu électrique que celui des glaciers de Torres del Paine. Notre zodiac se faufile au milieu des innombrables glaçons qui flottent à la surface des eaux. Un peu plus tard, alors que nous sommes à terre, nous entendons le tonnerre gronder. Tout le monde se retourne. Il s’agit de l’effondrement d’un morceau du glacier dans les eaux de la baie. Le spectacle est aussi beau et impressionnant qu’il est triste: notre planète se réchauffe, les glaciers souffrent et reculent pour se déverser dans les eaux de la Terre de Feu.

 

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Et après cette balade, nous avons continué notre périple pour arriver à un autre moment fort de notre expédition: la traversée de l’Avenue des Glaciers. Là encore, les paysages sont magnifiques.

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3 - Nassau Bay (6) (Copier)

 

Le lendemain, nous nous levons tôt, et le spectacle est déjà grandiose: le soleil qui se lève embrase le ciel et le teinte de couleurs incroyables.1 - Lever de soleil Murray Channel (1) (Copier)

1 - Lever de soleil Murray Channel (12) (Copier)

 

Nous débarquons ensuite sur la Isla Navarino. C’est un moment particulier à plus d’un titre: cette île est la plus australe des grandes îles de la Terre de Feu. Elle était habitée par les natifs de la tribu Yamana. Ceux-ci ont été décimés, essentiellement par les maladies apportées par les européens, certains ont même été arrachés à leur famille afin d’être amenés en Europe et être exposés comme des curiosités. Citons notamment la triste histoire de celui qui a été rebaptisé Jimmy Button. Parmi les quatre enfants qui ont été ramenés sur le vieux continent, un mourra durant le voyage, deux retourneront plus tard dans sa famille, mais seront rejeté car ils avaient ensuite oublié leur langue natale. Seul Jimmy pourra retourner auprès des siens.

Par ailleurs, cette île a été l’un des rares endroits où une famille de colons ira s’établir pour y vivre pendant plusieurs années. Leur demeure est encore là et a été restaurée. Enfin, restaurée est un bien grand moment car elle est devenue un musée. Si l’intention est louable, je trouve vraiment regrettable que ne l’ont ait pas réellement restauré cette maison afin d’en garder l’âme et de se rendre compte des conditions de vue de ces pionniers. Il faut également noter que le grand Charles Darwin est venu en personne en ces lieux.

Si je trouve l’endroit magique, j’ai un regret: sur cette île se trouve le trek le plus austral de la planète: la Dientes del Navarino et il paraît que les paysages sont extraordinaires. Cependant, ce trek est difficile (terrain, dénivelé, compétences d’orientation avec carte/boussole nécessaires, conditions climatiques difficiles). Bref, on ne pourra pas le faire. Il faudra revenir un jour, avec la préparation nécessaire. L’Isla Navarino ressemble donc à ça:

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2 - Wulaia Bay (12) (Copier)

 

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De retour sur le bateau, nous partons pour le dernier highlight de notre périple: le mythique Cap Horn!

 

Nous avançons dans les fjords pour les voir finalement s’arrêter et nous réalisons que nous sommes arrivés. Une île rocheuse, recouverte d’un peu de végétation, un phare, une maison dans laquelle vit le gardien et sa famille pendant un an non-stop et on aperçoit le monument qui marque ce lieu. Les paysages font réellement penser à un décor de fin du monde dans tous les sens du terme: nuages menaçants, les flots qui se fracassent et tentent d’escalader les murs rocheux de l’île, l’eau aux couleurs sombres, et, surtout surtout, le vent.

Quelques oiseaux volent près du bateau, mais en les observant, on se rende vite compte qu’ils fournissent de gros efforts pour lutter contre le vent.

Tout les passagers sont impatients, cependant, la mauvaise nouvelle va arriver rapidement: le capitaine du navire juge qu’il n’est pas possible d’accoster sur l’île en toute sécurité, nous devons donc nous contenter de rester sur le bateau.

En effet, nous nous rendons compte assez rapidement que le vent est très fort, pour ne pas dire extrêmement violent. On nous annonce que le capitaine va mettre le bateau en marche et que nous allons passer le Cap Horn. Finalement, je me dis que dans la perspective d’aventure et de vivre un mythe, c’est encore mieux que de débarquer sur l’île.

Et cette impression d’apocalypse, de fin du monde se confirme: les vents rugissent de rage, les nuages recouvrent le ciel d’un linceul gris et laissent filtrer une faible lumière terne et notre bateau brave les flots pour passer le Cap. Je suis autant émerveillé que fasciné. Et, comme tout le monde, je fais comme je peux pour profiter du moment et à faire attention de ne pas être balayé par une rafale. Quand nous passons le Cap, le klaxon du bateau résonne pour marquer le moment.

NB: j’ai fortement compressé les photos suivantes pour les alléger considérablement, du coup, de nombreux détails sont perdus, notamment dans le ciel. J’en mettrai en ligne (je ne sais pas encore où) de bien meilleure qualité

 

6 - Cap Horn (7) (Copier)

6 - Cap Horn (26) (Copier)

5 - Nassau Bay & Wollaston Islands (140) (Copier)

6 - Cap Horn (62) (Copier)

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Comme à son habitude, Amandine brave vaillamment les tempêtes

Ensuite, nous avons pêché par excès de confiance… le bateau était fortement secoué, et nous avons dû écourter notre repas car nous commencions à nous sentir franchement pas bien. Nous n’avons définitivement pas encore le pied marin.

Il était grand temps d’arriver à Ushuaia et en Argentine. Nous y sommes dans la nuit, et en ce matin du 06 avril 2016, nous mettons le pied dans celle qui est considérée comme la ville la plus australe du monde. Mais ce n’est pas tout à fait vrai. Sur Isla Navarino, il y a Puerto William (côté Chili) qui est encore plus au sud, mais elle n’est pas considérée comme une vraie ville. C’est ainsi que nous disons au-revoir au Chili.


Une réflexion sur “Du Détroit de Magellan jusqu’au Cap Horn: les fjords, l’eau et les vents de la Terre de Feu

  1. C’est magnifique.
    Je me souviens d’avoir eu un grand vent à Punta Arenas avec un atterrissage plutôt technique. Par contre je n’ai pas eu la chance de faire la terre de feu et ça donne envie !

    Bonne continuation de voyage et ne vous gavez pas trop de viande en Argentine 🙂

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