Les chemins de traverse

Nous voilà donc partis pour l’un des treks les plus connus d’Amérique du Sud, le W dans le Parc National Torres Del Paine dans le Sud de la Patagonie Chilienne.

Nous sommes fin mars, la saison touristique est déjà terminée, mais nous sommes encore nombreux (20-25 personnes) a assister à la réunion d’information de plus d’une heure tenue par l’agence/hostal/bar Erratic Rock www.erraticrock.com. Koen, l’orateur nous donne pléthore d’information sur le Trek ; l’équipement à prévoir, la nourriture, les hébergements possibles, les circuits possibles, les conditions climatiques possibles.

Nous avons choisi l’option confort, avec 2 nuits en refuge, 1 en « dôme » et 1 en camping avec la tente et le matelas loués sur place. L’ensemble réservé à l’avance sur les sites internet de Vertice www.verticepatagonia.com et Fantastico Sur www.fantasticosur.com, les sociétés qui gèrent les refuges et campings du parc. Nous n’aurons donc à porter que nos sacs de couchage (confort 5°C). S’agissant de la nourriture, nous avons pris l’option « full board », tout nous sera fourni par les refuges. Au niveau de l’équipement additionnel, nous ne louerons que des bâtons de randonnées, comme conseillé par l’agence Erratic Rock et qui s’avéreront très utile pour nous aider lors des montées et des descentes. C’était pour moi la première fois que j’utilisais des bâtons de randonnée et c’est incroyable comme c’est utile et que l’on attrape le truc très vite. Je ne saurais que les recommander à tous le monde.

• Jour 1 : Arrivée au Parc – Navette – Rando Refugio Paine Grande > Refugio Grey

Nous voilà donc prêts en ce samedi matin avec nos sacs sûrement trop lourd pour ce que nous avions réellement besoin. Après avoir couru pour attraper le bus à 7h30, nous parcourons la Patagonie de Puerto Natales jusqu’à l’entrée du parc Torres Del Paine situé à la Laguna Amarga en moins de 2 heures. Le temps est dégagé et nous pouvons déjà prendre conscience de la beauté du parc, le massif du Paine semble être sortie de terre comme par magie, les alentours étant relativement plats. Le ciel est dégagé et les célèbres tours du parc s’offrent déjà à nos yeux contemplatifs. On est émerveillés et on se dit que l’on a de la chance de pouvoir randonner dans cette endroit extraordinaire.

Après avoir payé le droit d’entrée de 18 000 pesos / pers et pris connaissance des consignes de sécurité, nous retournons dans notre bus pour rejoindre le 2ème stop, Pudeto, par lequel nous rejoindrons en bateau le Refugio Paine Grande. Nous arrivons à Pudeto vers 11 heures, ce qui nous laisse le temps de faire la petite marche jusqu’à la cascade Salto Grande. Au-delà de la vue sur le Rio rugissant, nous pouvons également admirer Los Cuernos, monts composés de granite de différentes couches qui vienne des confins des entrailles de la Terre et sont un belle exemple de l’évolution géologique de la Terre.

Après 20-30 minutes de bateau navette à travers le lac Pehoé, nous débarquons au Refuge Paine Grande où nous allons enfin pouvoir arpenter cette terre touchée par la grâce. Un incendie a sévi il y a quelques années dans cette partie du parc, dû à un randonneur inconscient. Les arbres sont morts, ne laissant pour traces que leur troncs et branches rongés par le feu.

Le paysage est à certains endroits désolé par ce triste événement, mais à la plupart des endroits la vie a déjà repris ces droits avec des buissons qui s’épanouissent et des herbes folles qui sont caressées par le vent, la roche est omniprésente, que ce soit sur le sentier ou sur les falaises où sa couleur grise devient argenté lorsque la lumière du soleil vient la flatter.

Après quelques heures, nous arrivons au premier Mirador et apercevons nos premiers mini icebergs, d’une couleur bleu électrique, ils sont ballottés par les eaux du lacs destinés à se fondre en elles. Mais ces icebergs miniatures n’étaient qu’une mise en bouche avant l’arrivée sur la vue sur le glacier Grey. Merveille de pureté, faite de glace centenaire, voire millénaire, nous restons fascinés par sa taille et sa couleur. A certains moments, des arcs en ciels apparaissent dans le ciel pour ne rajouter qu’à la magie de ce paysage grandiose.

Nous mettrons environ 4h15 pour rejoindre le refuge, avec de nombreuses pauses pour contempler le paysages, prendre de nombreuses photos, et remplir nos gourdes avec l’eau des glaciers.

Après avoir pris possession de nos lits au Refuge Grey, nous laissons notre sac et décidons de marcher jusqu’au Mirador Grey afin d’avoir une meilleur vue sur le glacier. Nous parcourrons les rochers le long de lagune Grey donnant sur le glacier pendant plus d’une heure pour avoir différent point de vue sur le monstre de glace.

• Jour 2 : Refugio Grey > Mirador 2^nd Suspension bridge > Refugio Grey > Refugio Paine Grande

Notre seul impératif de la journée est de se rendre au Refugio Paine Grande situé à 3-4 heures de marche de Grey. Comme nous avons toute la journée devant nous, nous décidons donc d’emprunter une partie du sentier allant jusqu’au Paso John Garner pour atteindre le 2ème pont suspendu. Après une dizaine de minute de grimpette, nous atteignons le premier pont suspendu accessible par une échelle, le pont enjambe une rivière descendue du glacier Olguin. Nous arrivons au 2ème pont suspendu après 1h30 de marche et une rencontre sympathique d’un Normand, Julien. Le Pont est très impressionnant de plus de 80 mètres de long, il donne une vue splendide sur le glacier Grey. Nous continuons encore quelques minutes pour arrivé à un magnifique point de vue sur le Glacier et les quelques arcs en ciel qui apparaissent et disparaissent. Nous retournons ensuite au refuge Grey après avoir retraversé les ponts et avoir eu de belles sensations. La lanière de l’appareil photo a lâché sur le plus petit des 2 ponts suspendus et Fabrice a eut le réflexe incroyable de le rattraper au dessus du vide !!!

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Après avoir mangé nos sandwichs préparés par le refuge, nous reprenons le sentier arpenté la veille pour nous rendre au Refuge Paine Grande, nous arrivons après 3h15 de marche. Nous nous sommes un peu moins arrêtés, bien que la lumière était meilleure que la veille. La vue sur la vallée et le lagon Pehoé est sortie d’un conte de fée avec là encore un arc en ciel pour nous accueillir, les mousses vertes et les arbres calcinés font encore plus ressortir la magie du paysage.

Après une bonne douche, une bière et un bon dîner, on se dit que l’on est quand même bien en refuge. On se couche relativement tôt car une grosse journée nous attend demain, 11 heures de marche théorique avec plus de 700 m de dénivelé.

• Jour 3 : Refugio Paine Grande > Camp Italiano > Mirador Britanico (Vallée des Français) > Camp Italiano > Refugio Los Cuernos

Nous partons au lever du jour, vers 8 heures et avons la joie de découvrir qu’il y a un petit crachin qui nous attend 😦 Nous sommes les premiers a décoller du refuge et avons donc le plaisir de jouir d’une nature en train de se réveiller avec ses oiseaux qui nous montre le chemin et les lapins qui se nourrissent le long des sentiers. La nature a repris ses droits au cours de la nuit nous faisant hésiter sur le chemin à prendre, les ruisseaux utilisant le sentier de randonnée pour arriver jusqu’au lac.

Nous arrivons vers 10 heures au Camping Italiano où nous laissons nos gros sacs pour monter à l’assaut de la Vallée des Français. Le sentier est pentu et caillouteux, mais personnellement j’aime beaucoup ce type de sentier qui a beaucoup plus de charme que des sentiers sans accros. Nous traversons une forêt digne de celle de Brocéliande pour arriver au Mirador, faite de rochers de granite, de ruisseaux et d’arbres qui commencent à prendre leur couleur automnale. Elle est longée par le bruyant Rio del Francès né des glaciers.

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Nous arrivons au Mirador Britanico en moins d’une heure et demi, bien que le ciel soit très chargé le paysage est magnifique, les montagnes, le glacier et ses cascades, la forêt qui tente de prendre d’assaut la montagne. Nous prenons là encore conscience de notre chance de permettre à nos yeux de regarder ces panoramas et à nos pieds de fouler ces sentiers.

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Comme nous ne voulons pas arriver trop tard au prochain refuge, nous ne traînons pas dans la descente (merci les bâtons) en moins d’une heure, nous sommes revenus au Camp Italiano (toujours sous la pluie), un petit sandwich et c’est reparti pour un peu plus de 2 heures de marche vers le refuge Los Cuernos. Le sentier est principalement plat et en descente, ce qui nous permet de reposer nos jambes après la vallée des Français. Nous parcourant une forêt au charme moindre que celle de la matinée et longeons le lago Nordenskjold pour arriver au refuge.

Après une douche froide, on prend notre dîner au refuge et avons le plaisir de retrouver le couple Luxembourgeois-Argentino-Anglais de la veille ainsi que des Néo-zélandais à notre table.

• Jour 4 : Refugio Los Cuernos > Refugio El Chileno via Shortcut

Je m’attendais à une journée tranquille, mais avec la journée d’hier et ses presque 10 heures de marche, la journée a été difficile. Il a fait plus chaud que la veille, je pensais le sentier plat mais on allait de montée en montée et les paysages étaient moins inspirants que les jours précédents. Malgré cela, nous arrivons tôt au refuge, vers 14 heures. On rencontre notre tente qui nous servira de refuge pour la nuit et on loue un sac de couchage supplémentaire au cas où la nuit soit froide. On profite de l’après-midi pour nous reposer au refuge à coté du poêle à bois, en buvant un thé et en se réconfortant avec du chocolat.

Nous nous rendons compte que nous avons perdu une lampe frontale et qu’aller voir le lever de soleil au Mirador Las Torres va être compliqué avec une seule lampe, voire dangereux. On se renseigne pour en trouver une autre, on en trouve mais qui n’éclaire rien.

Au final, on décide de partir du refuge vers 7 heures, au lieu de 6 heures. On ratera le lever de soleil mais la lumière devrait encore être favorable.

• Jour 5 : Refugio El Chileno > Mirador Las Torres > Refugio El Chileno > Refugio Las Torres > Laguna Amarga

Nous voilà donc réveillés à 6 heures, après une nuit difficile en tente, on se prépare et on a la joie de constater que notre petit déjeuner a été dévoré par quelqu’un d’autre, vive la vie en communauté…

On part donc le ventre vide à la conquête du Mirador Las Torres dans le jour encore endormi. Après une demi-heure de marche et quelques hésitations sur le sentier, la lumière du jour pointe son nez, me permettant d’y voir plus claire. On ne s’arrêtera presque pas avant le Mirador, si ce n’est pour remplir notre petite bouteille au ruisseau jalonnant le sentier. Le sentier est assez pentu mais pour ma part très agréable. La première partie traverse une forêt et la seconde est un amoncellement de rochers de toute sortes et de sable. Rien à voire avec ce que j’avais lu dans certains blogs, aucun besoin de s’accrocher aux rochers pour monter, le pourcentage de déclinaison est tout à fait raisonnable. On arrive vers 9 heure au Mirador et là chance incroyable alors que les jours précédents étaient très chargés en nuages, nous pouvons voir de nos yeux les trois tours avec une lumière splendide des pieds, où siège un lac, à la tête où des nuages commencent déjà à les prendre d’assaut. On comprend pourquoi les tours sont le « monument » phare du parc, elles sont tellement majestueuses, leur à-pic est vertigineux et le lagon à leur pied ne fait que rajouter à la beauté du lieu. On reste une petite demi-heure à contempler les tours, on se retrouve seuls au Mirador, les lèves-tôt étant déjà redescendus.

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On redescend au refuge El Chileno rapidement car il nous reste des kilomètres à faire avant d’arriver au refuge Las Torres. On traverse la vallée et arrivons vers 12 heures à l’hôtel Las Torres, après notre sandwich on se dit que l’on a encore de l’énergie et qu’au lieu de prendre le bus entre l’hôtel et la laguna Amarga on va marcher. On arrive vers la laguna à 14h15, notre bus nous attend déjà. Un dernier regard émerveillé sur le Parc et nous voilà reparti pour Puerto Natales.

En conclusion, nous avons été très chanceux pour notre randonnée, les conditions météo étaient au top, 15-18 degrés soit une température idéale pour marcher, peu de pluie et de vent, une bonne visibilité sur les Tours. Si nous devrions refaire cette randonnée, je pense que nous choisirions l’option autonomie totale avec le camping et la nourriture dans nos sacs. Nous n’abandonnerions pas nos bâtons de randonnée, vraiment indispensable.

Au retour à Puerto Natales, nous sommes retournés pour la troisième fois à la pizzeria Mesita Grande, n’hésitez pas les pizzas, pâtes et salades sont excellentes. Je me suis également offert un massage bien mérité chez Mandala Andino 🙂